Quand il n’y aura plus d’hiver au Québec, il restera de la neige au coeur de la Gaspésie et s’y amuseront encore les adeptes de raquette, de télémark, de ski de montagne et, cela va de soi, de motoneige. Pour ces derniers, de nouvelles propositions des plus intéressantes ajoutent à l’intérêt de la région.
La Gaspésie a la neige. Elle dispose d’un réseau d’hébergement qui s’améliore année après année. Elle a l’espace pour permettre à chacun de s’ébattre dans le respect de l’autre. La présence de plusieurs territoires préservés, parcs et réserves fauniques, rend la pratique de la motoneige un peu plus compliquée, mais cela n’empêche pas les voyageurs à motoneige de s’adonner de plus en plus à la pratique encadrée de la motoneige hors piste ou de se frayer un sentier tout autour de la péninsule de même qu’à l’intérieur, dans le pays des hauts sommets. C’est ce dernier secteur plus particulièrement que nous avons exploré. Direction Murdochville et Gîte du Mont-Albert!
Au départ de Matane, les motoneigistes croisent trois villages et trois relais avant de mettre le cap vers le coeur de la Gaspésie. Après avoir contemplé le colossal massif des Chic-Chocs, contourné le mont Nicol-Albert puis traversé le territoire qui compte le plus d’orignaux au kilomètre carré au Québec, on atteint enfin le relais La Cache, connu de très longue date et toujours dirigé, depuis 22 ans, par Ghyslain Leblanc, secondé par sa conjointe, Judith Cyr.
À quelques kilomètres de La Cache, l’embranchement du sentier des Chic-Chocs n’annonce rien de particulier au début, mais on se rend vite compte qu’au fil de ses 100 km, jusqu’à Murdochville, nous allons vivre quelque chose de rare et de précieux. On commence par grimper sur le sommet du mont Lyall (942 m) en longeant une forêt de plus en plus chétive, mais complètement submergée de neige.
En tournant la tête, on découvre le paysage gaspésien montagneux à perte de vue, dans toute sa splendeur et son immensité. Une fois en haut, il ne reste plus que quelques arbres nains et chicots qui sont littéralement saisis dans le givre. Observé dans la région de la Matapédia en février dernier, ce phénomène n’a rien à voir avec les fantômes des Monts-Valin. Il s’agit d’une accumulation de givre qu’on désigne sous le terme de ZAG (zone d’amplification du givre). Le spectacle est tout à fait fabuleux et il se poursuit dans la descente avec des points de vue en hauteur sur le sentier qui sillonne des environnements à couper le souffle.
Le sentier des Chic-Chocs n’est pas nouveau. Le club de motoneigistes Étoiles des Monts, de Murdochville, l’a ouvert il y a plusieurs années, mais il y a beaucoup investi dernièrement et travaille mieux à son entretien.
Le plus panoramique
Le sentier des Chic-Chocs apparaît comme le sentier de motoneige le plus panoramique au Québec… Et je m’explique. Des sentiers ayant des points de vue saisissants, il n’en manque pas chez nous. On n’a qu’à penser au versant nord de la côte de la Gaspésie, aux Monts-Valin, à la Côte-Nord et à tous les points de vue qu’on va chercher sur des sommets de montagnes dans presque chaque région.
Mais le sentier des Chic-Chocs est le seul à offrir une vue panoramique constante sur les montagnes, sur la quasi-totalité de ses 100 km. On ne voit pas ça ailleurs. Encore faut-il que la qualité de l’entretien reste aussi irréprochable que lors de notre passage, ce qui représente tout un défi pour le président du club, Yvan Chouinard, qui compte beaucoup sur ce circuit pour stimuler l’intérêt des motoneigistes envers Murdochville.
Le Gîte du Mont-Albert s’ouvre aux motoneigistes
Le trajet de Murdochville vers Mont-Louis est marqué par l’omniprésence et la proximité impressionnante des grandes éoliennes qui battent des bras aux abords de la piste. Le panorama grandiose à l’approche du fleuve est aussi de ceux que l’on range dans le dossier «souvenirs inoubliables».
Puis, rendu à Mont-Louis, c’est une expérience nouvelle, inusitée et prometteuse qui s’enclenche. Effectivement, depuis peu, le Gîte du Mont-Albert, situé au coeur du parc national de la Gaspésie, accueille des motoneigistes… Avant de lancer les hauts cris en dénonçant le retour des motoneiges dans les parcs nationaux, voyons ce qu’il en est!
Le Gîte du Mont-Albert, comme on sait, est la Mecque québécoise du plein air hivernal. S’y retrouvent, au milieu des plus hauts sommets des Chic-Chocs et des McGerrigle, des adeptes de ski de montagne, de ski de fond et de raquette, de niveaux familial jusqu’à extrême. Le Gîte offre aussi un hébergement quatre étoiles en plus de chalets, ce à quoi s’ajoute l’une des meilleures tables au Québec.
Une astuce
Comme le Gîte du Mont-Albert se trouve sur le territoire du parc national de la Gaspésie, la motoneige y est naturellement interdite. Toutefois, comme l’explique le directeur du parc, François Boulanger, «il existe une route qui est fermée l’hiver et qui se trouve à la frontière du parc national de la Gaspésie et de la réserve faunique des Chic-Chocs. Comme la loi des parcs n’inclut pas le réseau routier, ce chemin public ne fait pas partie du parc. Nous avons accepté que cette route soit empruntée par les motoneigistes à la condition qu’ils y soient accompagnés d’un guide d’une entreprise accréditée par le parc.»
Pour le jeune directeur d’Adrénaline Hors Piste de Mont-Louis, David Lévesque, cette opportunité permet de proposer un hébergement de qualité aux amateurs de hors-piste puisqu’il y a une soixantaine de kilomètres hors sentier à franchir pour atteindre le Gîte du Mont-Albert. «Je suis un mordu de motoneige hors sentier et je connais mon territoire sur le bout des doigts. J’ai décidé de vivre de ma passion en montant Adrénaline, qui offre un service de guidage, d’encadrement et de location. Devant l’engouement récent des motoneigistes pour la pratique hors piste, nous avons développé de nombreux circuits pour tous les goûts, dans la grosse neige et les montagnes. Nous y amenons les motoneigistes pour vivre une expérience palpitante, mais dans des conditions sécuritaires optimales et sur des territoires où l’activité ne cause aucun problème», explique David Lévesque.
Deux mètres de neige
Nous sommes donc partis dans les traces de Mathieu Lemieux, un guide très professionnel et avenant, sur ce qui est une route, mais recouverte de près de deux mètres de neige, encadrée de décors parfois grandioses. Donc, sans être une expérience extrême et malgré que nous montions des machines de sentier, ce fut un moment extrêmement agréable que de rouler dans la neige folle, sans toutefois jamais poser un seul ski en dehors de l’emprise pour ne pas toucher au parc.
Surprise au Village Grande Nature
La piste du retour vers Matane n’est que beaux sentiers larges et droits entre des haies d’honneur de conifères au garde-à-vous. Après Sainte-Anne-des-Monts, on découvre une destination qui va intéresser nombre de motoneigistes, le Village Grande Nature Chic-Chocs, qui occupe le site de l’ancien village de Saint-Octave-de-l’Avenir.
Issus de l’école de pensée de la SEPAQ, les dirigeants du Village ont débuté en 2005 en aménageant une auberge de 15 chambres dans l’ancien presbytère. Depuis, le bâtiment a été agrandi puis amélioré, et on a ajouté neuf chalets de types scandinave (dont deux avec spa extérieur) et canadien ainsi qu’un loft de sept chambres. Chacun y trouve donc l’hébergement qui lui convient en plus d’une cuisine excellente, d’une ambiance relax, d’un service attentif et d’une vue magnifique sur le mont Logan. Profitant d’un vaste territoire, la clientèle du Village Grande Nature se compose à 50% de motoneigistes en sentier ou en hors-piste avec le pourvoyeur Extrême Chic-Chocs et 50% d’amateurs de télémark, une spécialité maison. Si vous prévoyez visiter la Gaspésie à motoneige bientôt, ne ratez pas cette escale.
Information : Association touristique de la Gaspésie, gaspesiejetaime.com ou 1 800 463-0323