Nous y voilà! Depuis plusieurs semaines, nous tentions en vain de faire l’essai de cette nouvelle motoneige qui fait grand bruit dans la presse spécialisée américaine. La Fusion allait être à la hauteur des attentes? Finalement, c’est deux jours après la Saint-Valentin et, du même fait la journée précédant la désormais tristement célèbre tempête de l’hiver 2006 (rappelons les multiples carambolages sur les routes) que nous avions rendez-vous avec elle.
Tout d’abord situons notre essai. Prennant possession de la motoneige chez Labbé Sports, nous avons opté pour un aller/retour jusqu’à Baie-St-Paul. I-Mark s’est joint à la balade avec sa GSX, ce qui a permis d’effectuer certaines comparaisons. Il faisait -8 c au départ, mais la température a chuté jusqu’à -15 c à certains endroits plus en hauteur. Cela dit, le fond des sentiers était plutôt mou et quelques centimètres de neige fraîche recouvraient la piste.
Flamboyante dans sa robe bleu et rouge Indy, la Fusion séduit d’emblée avec un design privilégiant les angles prononcés et mis en évidence. Elle respire la puissance et impose même un certain respect. Elle rejoint, à ce titre, la signature visuelle des plus récentes motos sportives de haute performance. L’habillage graphique est sobre et de notre point de vue réussi.
Notre modèle n’était pas équipé du démarreur électrique. Nous le recommandons. Bien qu’aucune difficulté n’ait été rencontrée durant l’essai, il faut un effort appréciable pour tirer la corde et lancer le moteur. Ce dernier, le Liberty 600 H.O. à carburation, développerait 120 chevaux. Ce moteur est puissant, sans pour autant se démarquer singulièrement dans sa catégorie. Il répond de façon prévisible aux sollicitations de l’accélérateur et la puissance est disponible à tous les régimes. Il vous amènera promptement à des vitesses bien supérieures aux limites fédérées. Et n’oubliez pas que l’indicateur de vitesse est gradué en milles à l’heure! Enfin, l’ensemble moteur/chenille m’a semblé plus bruyant que la moyenne, surtout dans le registre où le bruit de la chenille se superpose à celui du moteur.
La Fusion est construite sur le nouveau châssis IQ, introduit l’an dernier sur la Fusion 900. En théorie, ce châssis devrait favoriser une position de conduite similaire au châssis REV de Bombardier. Mais le système Rider Select vous permet en fait de choisir votre position selon votre humeur et les conditions prévalentes. Sept réglages sont possibles, et nous avons opté pour la position centrale #4 pour l’essai.
En pratique, la Fusion offre une conduite précise et inspirée, mais elle exige une attention de tous les instants et surtout un effort considérable pour les transitions dans les enchaînements serrés. Les patins restent rivés au sol, mais il faut maintenir une pression constante sur les poignées pour garder le cap. Il faut même rudoyer la Polaris en conduite sportive, et cela risque de ne pas convenir à tous les motoneigistes. Mais, après tout, on parle de la gamme Performance de ce constructeur.
Les suspensions font un travail convenable, bien que je l’aille senti cogner à deux ou trois reprises de l’arrière. Des réglages plus fermes auraient certainement corrigés ce problème; cela dit, ce n’était pas dramatique. La chenille de 15 X121 X1 pouces propulse la motoneige convenablement, mais si un peu plus de grip aurait été apprécié.
Notre modèle était équipé du pare-brise bas. Et à moins d’aimer se percher sur le haut d’un poteau téléphonique durant une tempête, opter et insister pour avoir le pare-brise haut. Ce dernier contribue à l’équilibre visuel d’ensemble et ne peut pas être pire au niveau de la protection, autant pour la tête que pour les mains. Malgré des conditions somme toute clémentes, les poignées et pouces chauffants ne sont pas assez puissants. Nous suspectons encore une fois le pare-brise bas. Les mains sont exposées directement au vent et je vous promets que la qualité de mes gants n’est pas en cause. Notre machine n’avait pas de miroirs, ce qui la rendait illégale dans les sentiers fédérés et explique notre silence sur le sujet.
Un indicateur de vitesse analogique de bonne dimension sur fond orangé équipe la motoneige. Par contre, il faut limoger celui qui a eu l’idée d’inscrire les chiffres en italique, une grossière faute de mauvais goût. La graduation secondaire est en kilomètre, mais en pratique illisible une fois la motoneige en mouvement. Un affichage multifonction numérique donne le régime du moteur, le niveau de carburant, la vitesse maximale atteinte, la température ambiante et d’autres informations. On bascule d?un affichage à l’autre à partir du bouton poussoir sur la poignée gauche. Certains apprécieront, pour ma part, seuls le régime moteur et le niveau d’essence m’intéressaient.
Les poignées sont recourbées aux extrémités. Curieuses au départ, ces courbures sont diablement efficaces lors de manoeuvres à haute vitesse ou d’enchaînements serrés. Le siège est confortable, mais autant I-mark que moi l’avons trouvé un tantinet glissant. Les Fusion sont toutes équipées de la marche arrière électronique PERC, activée par un simple bouton pressoir. On en vient toujours à se demander comment avoir pu s’en passer si longtemps?
Nos mesures nous donnent une consommation d’essence avoisinant les 20 litres au 100 kilomètres. Encore une fois, il faut être prudent avec cette mesure. Les conditions et le style de conduite n?invitaient pas à la modération, sans pour autant être extrêmes. Certains feront mieux, d’autres moins.
La Fusion semble bien née, mais elle n?est pas à la portée du premier venu. Il faut l’apprivoiser, l’ajuster, la bichonner et la mettre à sa main pour en exploiter tout le potentiel. Un premier contact de quelques heures ne permet pas de se livrer à un tel d’exercice. Si vous être du genre à partir vous balader au gré de votre humeur et sans vous poser trop de questions, peu importe les conditions, cette machine n?est pas pour vous. Par contre, tel un pur sang, la Fusion saura probablement récompenser ceux qui sauront en exploiter tout le potentiel et faire damner les autres. Tenez-vous le pour dit.
Merci à Yannick Ensuque, Véronique Maigret et à l’équipe de Labbé Sports de L’Ange Gardien pour avoir rendu cet essai possible. Vous pouvez communiquer avec eux au (418) 822-3322 pour obtenir plus d’information sur la Fusion et toute la gamme Polaris. La Fusion 600 de cet essai est aussi disponible en location au même endroit.
Grille d’évaluation : Polaris Fusion 600
1- Maniabilité et position de conduite 4/5
2- Confort et suspension 4/5
3- Accès aux commandes 4/5
4- Puissance du moteur 5/5
5- Bruit et vibration du moteur 4/5
6- Roulement de la chenille 4/5
7- Traction de la chenille 4/5
8- Finition du véhicule 4/5
9- Odeur et émanation 4/5
10- Consommation d’essence 3/5
11- Position du passager N/A
12- Confort du passager N/A
Total sur 50 : 40/50