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ToggleQuel motoneigiste n’a pas entendu parler de Blanc-Sablon? Comme un de nos compagnons de voyage a dit, Blanc-Sablon, c’est un peu le Compostelle des motoneigistes. Dans ma chronique précédente, je vous racontais la première partie de mon voyage en Basse-Côte-Nord, de Natashquan à Harrington Harbour. Si vous ne l’avez pas lue, cliquez ici pour nous rattraper… je vais vous attendre! Dans cette deuxième partie, nous continuons notre aventure sur la Route blanche en destination de Blanc-Sablon. Suivez-moi, on est reparti!
2 mars : Lendemain de tempête et direction Tête-à-la-Baleine
En attente de l’hélico
Harrington Harbour, surprise ce matin au Gîte La Séduction! Une grosse tempête a balayé la région durant la nuit. Des lames de neige de plusieurs pieds se sont formées. L’hélico est annulé jusqu’à nouvel ordre. On ne sait pas si on pourra partir ou si on devra coucher à nouveau sur place. Pour nous, tout nous semble correct pour partir. Le problème est que les nuages sont trop bas pour le transport aérien.
Notre hôtesse, Chantal Monger, nous dira : « Si on voit le haut de la tour de communication, l’hélico pourra venir. » Malheureusement, ce n’est pas le cas pour ce matin. On prend donc le temps d’un délicieux petit-déjeuner en compagnie de touristes vivant la même aventure.

Nous avons pris le rythme des « costiers ». Ça ira comme ça ira! Tranquillement, les locaux commencent à circuler et « tapent » la neige sur les trottoirs avec leurs motoneiges. C’est la façon de nous permettre de circuler à pied. Nos hôtes s’occupent de nous. Nous attendons patiemment. Nous avons le temps de jaser. Nous apprenons beaucoup de choses sur la vie de Harrington Harbour.
Nous avons la chance de connaître les premières rencontres amoureuses de nos hôtes. L’un habitant Harrington Harbour et l’autre résidant à Tête-à-la-Baleine, c’était tout un périple de développer une quête amoureuse. Quand on est jeune et amoureux, on est prêt à tout. Toujours un peu fou, son amoureux a vécu, pour ne pas dire risqué, de nombreuses péripéties pour conquérir sa nouvelle flamme. Quelle belle histoire d’amour… qui dure toujours!

Le temps file à un rythme agréable pour presque disparaître. Chantal s’occupe des communications avec l’héliport pour connaître l’heure d’arrivée de l’hélicoptère et s’assurer qu’il viendra nous chercher. L’heure du midi arrive. Pas de refus pour le dîner, qui nous est offert. Finalement, en après-midi, c’est confirmé, nous pourrons reprendre la route. Nous sommes plusieurs à sortir. Trois autres motoneigistes et quelques personnes de la place partent à tour de rôle. Le propriétaire apporte nos bagages et on se rend à l’héliport.

On reprend la route blanche
Nous arrivons à l’aéroport de Chevery à 14 h 30. Les motoneiges sont bien enneigées au lendemain de la tempête. Après avoir déneigé nos motoneiges, nous sommes heureux de reprendre la route. Nous sommes heureux de faire seulement 40 km pour arriver à Tête-à-la-Baleine. Le temps demeure nuageux, mais c’est une belle randonnée qui se fait en toute sérénité.

Après deux heures de motoneige, nous arrivons à Tête-à-la-Baleine. Un des rares villages francophones de la région. Comme toujours, nous faisons le plein à notre arrivée. Et nous retrouvons nos compagnons de ce matin et que nous reverrons à quelques reprises.

Arrivés à l’Auberge de l’Archipel, notre hôte, Martin Marcoux, nous reçoit d’un bel accueil. C’est là qu’on apprend qu’il est le frère de notre merveilleuse Alberte. Au souper, nous « parlons » un peu avec Olga. Elle ne parle qu’un peu l’anglais, on finit alors par comprendre qu’elle est ukrainienne et que son fils est encore là-bas dans l’armée. Une réalité qui semble très loin et qui finalement nous rapproche d’une réalité que des gens vivent intensément. Tout est loin, mais… « le monde est petit » en fin de compte.
3 mars : Visite des îles et cap vers Blanc-Sablon

On part au large
La journée débute avec une visite des îles. Impossible de s’y rendre sans un guide local. C’est Martin, notre hôte, qui nous fera vivre de belles émotions.
En quittant le sentier officiel, il nous explique que nous devons suivre ses traces afin d’éviter tout enlisement dans la neige. Parfois, la marée apporte l’eau par-dessus la glace et on peut s’enliser dans la gadoue, la fameuse « slush ». Et ce fut le cas pour un des membres de l’autre groupe. En équipe, nous réussissons à repartir en toute sécurité.

Visite de musées dans les Îles
En compagnie de trois autres motoneigistes, Martin nous guide au large pour visiter les Îles. Nous visitons d’abord la chapelle de l’Île Providence. Martin nous explique la vie des premières familles sur cette île. Nous allons aussi à la Maison Jos Hébert, située sur l’île de la Passe. Il s’agit d’un musée contenant d’intéressants artéfacts et des photos d’époque.


Nous revenons à la terre ferme et remercions notre ami Martin pour cette visite. Nous retrouvons la route blanche avec ses balises au 50 pieds.

Direction Gros-Mécatina (la Tabatière)
Nous avons l’option de prendre un raccourci ou de faire un détour par Gros-Mécatina, qui est près de la côte. Nous optons pour le bord de la mer, sachant que nous prendrons le raccourci au retour. Nous apprendrons que c’était le bon choix. Le sentier est magnifique et nous avons de beaux points de vue.

À la sortie du village, nous rencontrons un des nombreux responsables d’entretien de la route blanche, Nicolas Marcoux. Drôle de sensation : elle me rappelle quelque chose. Après une petite jasette, j’apprends qu’il est le frère de Martin, notre guide, et Alberte, de Voyages CoSte. Bref, il a vraiment un air de famille.

L’entretien du sentier est fait régulièrement sous la responsabilité du ministère des Transports. Nous en avons bien profité tout au long de notre séjour.

Nous poursuivons notre route vers l’est. Les rivières, les baies et la terre ferme se succèdent. La température est magnifique. Je me sens zen. À chaque kilomètre, je ressens la beauté de la nature. Je laisse une petite distance entre mes compagnons. Je prends le temps d’arrêter pour absorber cette majesté.

Pakuashipi (Saint-Augustin)
Nous faisons finalement un petit arrêt à Pakuashipi (Saint-Augustin) pour une petite bouchée et le plein d’essence. Il y a beaucoup de va-et-vient au poste d’essence. Nous rencontrons à nouveau nos trois amis motoneigistes, ainsi que deux policiers en motoneige. Seuls les policiers et les touristes portent un casque. Nous sommes donc faciles à reconnaître. Yoland en profite pour nous raconter des anecdotes vécues comme policier dans cette région. De belles histoires!

On retrouve plusieurs curiosités dans les villages isolés. On voit d’abord beaucoup de jeunes enfants qui conduisent des motoneiges. Puis j’aperçois une dame, que j’estime à près de 80 ans, qui vient faire ses achats… en motoneige. Ce véhicule est pratiquement le seul permettant de se déplacer. Je connais bien ce milieu, puisque j’ai moi-même vécu plusieurs années dans un village inuit.
Rivière Saint-Paul
Après la pause, nous poursuivons notre route vers Rivière-Saint-Paul. La journée ensoleillée nous permet de savourer toute la beauté de l’immensité. Nous filons le parfait bonheur. Parfois, les mots nous manquent pour exprimer ce que l’on ressent quand on aime la Nature avec un grand N. Les conditions sont superbes.

Pour ajouter à notre plaisir, nous rencontrons une autre équipe d’entretien de sentiers. Ils sont toujours heureux de discuter avec les motoneigistes de passages dans la région. Nous aussi! Nous apprenons que le doyen, après plus de 30 ans à faire l’entretien, prépare la relève pour un travail bien fait.


La réalité est très différente de celle que nous avions au départ. La variété des paysages se poursuit. Ce qui rend le voyage au-delà de nos espérances. Nous poursuivons notre route vers Rivière Saint-Paul où nous laisserons nos motoneiges. Les derniers kilomètres pour Blanc-Sablon n’étant pas sécuritaire.


Blanc-Sablon
Nous arrivons à Rivière-Saint-Paul où nous faisons le plein. Un peu désappointés de ne pas atteindre notre objectif final en motoneige, nous avons accès à une voiture. Notre déception a rapidement changé en joie par la beauté des paysages. Nous en venons même à la conclusion que nous sommes très heureux d’avoir fait la dernière portion en voiture. Il ne faut pas oublier que mettre le pied à Terre-Neuve procure tout de même une belle sensation.

On nous recommande le restaurant Jungle Jim’s, au Labrador. Restaurant familial avec toutes les options. Retour à l’Auberge Motel Quatre saisons à Blanc-Sablon. Un arrêt incontournable. Nous discutons avec le propriétaire, qui est un conteur hors pair. Tant en histoire de la région qu’en anecdotes, nous rions à en pleurer. C’est bien détendu avec le sourire jusqu’aux oreilles que nous allons au lit.

4 mars : Rivière-Saint-Paul, suivi d’un souper au Salmon Bay Farm
Blanc-Sablon
Le propriétaire devant prendre l’avion, nous devons préparer notre déjeuner. C’est comme à la maison. Le choix est varié et complet. Bref, c’est très convivial. Petite anecdote, un des responsables à l’aéroport appelle notre hôte pour l’aviser de se dépêcher pour ne pas rater l’avion. C’est vraiment un monde différent de la ville.
Avant de quitter Blanc-Sablon, nous faisons un petit arrêt au CLSC pour dire un bonjour à Judy que nous avions rencontré à l’aéroport de Chevery quelques jours plutôt. Promesse donnée, promesse tenue. Finalement, nous retournons à Rivière-Saint-Paul.

Rivière-Saint-Paul
De retour à Rivière-Saint-Paul, nous avons la chance de rencontrer Galan Nadeau. Ce véritable costier nous guidera durant cette journée. Nous commençons donc par la visite du musée Whiteley.

Galan nous explique l’histoire de Bonne Espérance. Très coloré, mais surtout passionné, c’est avec un grand intérêt que nous découvrons l’histoire de la région. La pêche à la morue était aussi un apport économique important. Après une belle visite, trop brève à notre goût, c’est sur le terrain, que ça se poursuit.

Un peu de hors-piste
C’est au large que nous continuons notre journée. Toujours avec un rappel des codes de sécurité d’usage afin d’éviter tout accident. Des codes que nous respecterons pendant tout le voyage. Ici, l’histoire a fait son œuvre. Galan nous rappelle qu’il y a bien longtemps que des pêcheurs s’installent sur les îles de la région.

Notre guide nous explique la vie à cette époque. Une histoire inconnue pour nous qui venons de l’extérieur. Nous sommes émus par cette vie des premiers costiers face à une dure réalité. Nous sommes également envahis par la beauté et l’immensité du pays. Quelle aventure!

On finit bien la journée
Après cette magnifique journée en compagnie de Galan, nous sommes conviés au Salmon Bay Farm, où le pétoncle est à l’honneur. Accueillis par les deux propriétaires, Kimberley Buffit et Shae-Lynn Roberts, nous sommes époustouflés par la magnificence de l’endroit.

La beauté du site, la gentillesse et la douceur de nos hôtes et la qualité de la nourriture nous font terminer cette soirée dans un état de bien-être. Nous ne pouvons nous empêcher d’aller remercier Marica Keats et Carolyn Sins, qui nous ont si bien préparé ce magnifique souper.
Nous apprenons que le déjeuner du lendemain se fera à la résidence de Carolyn, cette grand-mère au grand cœur.
5 mars : La Romaine (337 km)
Nous devons partir tôt. Dès 6 h 30, Carolyn nous reçoit dans sa demeure en compagnie de sa fille Kimberley. Nous prenons le temps d’apprécier la bonne nourriture maison (crêpe, confitures maison, etc.) et l’odeur du bon café. Le déjeuner est à la hauteur du sourire de Carolyn. Quels bons moments que je vis avec ces gens si chaleureux! La journée s’annonce ainsi magnifique… avant la pluie.

Le retour
Après deux belles nuits à l’Auberge Whiteley Inn, nous planifions notre retour. Tout un programme en perspective. Beaucoup de pluie est prévue pour le lendemain. Nous planifions de faire le maximum de kilomètres aujourd’hui. C’est tout de même 337 km à parcourir durant la journée.



Le temps est radieux. La route blanche est magnifique. Chaque instant, chaque seconde de mon voyage, je ressens une douce solitude. J’en arrive à oublier mes compagnons de route. Je suis seul au monde. Quelle sensation!

Tête-à-la-Baleine

La réalité nous rattrape. Nous arrivons à Tête-à-la-Baleine à 11 h 00 après avoir parcouru près de 200 km. Ravitaillement oblige. On fait le plein d’essence, on grignote un peu. On rencontre le « truck » de livraison : une motoneige avec pas un, pas deux, mais trois traîneaux pour la livraison.

Direction Chevery
Étape par étape, nous convenons que nous poursuivons notre route jusqu’à Chevery. La décision sera prise avec Alberte si nous nous arrêtons là ou si de l’hébergement est disponible à La Romaine. Je suis agréablement surpris des conditions de la piste. Elles sont excellentes, l’entretien du sentier est pratiquement au maximum.

Arrivés à Chevery, nous reprenons contact avec Alberte. Elle nous confirme qu’on nous attend à l’Hôtel Mme Ruby à La Romaine où nous avions couché à l’aller. Les kilomètres défilent beaucoup plus rapidement que prévu. Finalement, nous atteignons notre objectif. Après 337 km et un peu plus de 9 heures de motoneige, nous faisons notre entrée à La Romaine, juste avant 16 h 00. Wow! toute une journée de plaisir.
Ce soir, c’est notre dernier souper sur la Route blanche avec mes deux compagnons. Nous sommes seulement trois dans la salle à manger. Mais notre cuisinière s’applique à sa tâche et nous ne sommes pas déçues. Même que les portions sont un peu généreuses. Ah ah! Pendant le repas, nous partageons certains moments de ce que nous avons vécu individuellement. C’est un méli-mélo d’images, de sensations, d’émotions!

En soirée, petit caucus de l’équipe. Un dernier regard sur la météo. La pluie avance rapidement pour le lendemain. Le départ sera tôt.
6 mars : Destination Kegaska et Sept-Îles
Comme nous sommes les trois seuls clients, le déjeuner nous est offert dès 6 h 00. Nous pouvons enfiler nos motoneiges dès 7 h 00. On déjeune rapidement pour terminer cette dernière portion de la route blanche. La neige a débuté et nous partons dans des conditions hivernales.
Même si nous n’avons que 57 km à faire, le rythme est plus lent. Les conditions de sentiers sont plus difficiles. Cette portion de sentier entre La Romaine et Kegaska, dernier endroit relié par la route, est très achalandée. Les conditions de sentiers sont plus difficiles à entretenir compte tenu du nombre de motoneigistes y circulant.
Un rêve réalisé
C’est en un peu plus de deux heures que nous franchissons cette distance. Arrivée officielle à Kegaska, 9 h 06. La neige tombe toujours. Beaucoup d’émotions et de fébrilité. Une aventure et une expérience humaine exceptionnelle.

Une fois les motoneiges à bord des remorques, la neige s’est changée en pluie. C’est la flotte. Au retour, nous ferons un petit arrêt chez Voyages CoSte. Nous apprenons alors que des motoneigistes n’ont pas pu finir le voyage et ont dû rebrousser chemin.
Finalement, nous tenons à remercier tous les gens que nous avons rencontrés le long de la Route blanche. Votre accueil chaleureux nous a touchés. Merci à l’agence Voyages CoSte, surtout à Alberte, qui est considérée comme la tour de contrôle des motoneigistes. Nous avons appris que chaque jour, chacun des hôteliers/hôtelières avisait l’agence de nos départs et arrivées. Cette coordination logistique a permis un voyage en toute sécurité pour tous les motoneigistes.
Et voilà! Notre périple en Basse-Côte-Nord tire à sa fin. Mais je n’ai pas fini de vous en parler! Dans mon prochain article, je vous ferai part de notre préparation avec certaines recommandations pour ce merveilleux voyage. À bientôt!








