Pendant plusieurs années, j’ai choisi de faire de la motoneige hors-sentier afin de vivre des émotions que la conduite en sentier ne pouvait me procurer. Bien que je sois revenu aux sentiers depuis quelques années, il m’arrive encore régulièrement de faire quelques escapades en neige profonde. Pour le conducteur de Widetrack que j’ai été, la motoneige idéale dans la neige (la vraie) ne sonnait pas avec une chenille de 16 pouces de large. Cependant, l’essai d’une motoneige de montagne dans le royaume pour lequel elle a été construite présente un intérêt certain. Lors de la présentation du nouveau châssis REV-XP dans les rocheuses du Colorado, j’ai eu la chance de faire une randonnée mémorable aux commandes d’un Summit Everest 800R en compagnie de 12 autres journalistes.
Bien que j’ai piloté à plusieurs reprises différentes motoneiges de montagne au cours des dernières années, c’était principalement dans des secteurs qui limitent l’utilisation de ces types de véhicule, le Québec offrant peu d’occasions de tirer profit de ce type de motoneige.
Et pour cette randonnée qui s’annonçait exceptionnelle, qui de mieux que Chris Ruske, qui est l’un des joueurs clés au niveau de la recherche et du développement des motoneiges de montagne pour BRP depuis déjà plusieurs années. Ce « maître » de la montagne a travaillé au cours des 4 dernières années à la mise au point de la nouvelle gamme de Summit basée sur le châssis REV-XP. En se cachant bien de nous donner son âge exact, ce quinquagénaire peut faire rougir la plupart des jeunots qui font du hors-sentier, dont je fais d’ailleurs partie.
Rapidement, celui-ci a mis la table et nous nous sommes rendus rapidement compte de l’intelligence dont il faisait preuve face aux différentes situations rencontrées. Le mot intelligence peut paraître gros pour certains. Mais ceux qui font du hors-sentier me comprendront sûrement. À plusieurs reprises dans une randonnée en neige profonde, on peut se retrouver dans des endroits où un arrêt mal planifié peut se traduire en plusieurs minutes de travail et de chaleur. Bref, nous étions en compagnie d’un des meilleurs guides de montagne au monde sur une toute nouvelle monture qui risque fort de devenir la motoneige de montagne de l’année 2008.
Concernant notre monture, nous étions très anxieux de voir les performances de celle-ci. Le Summit Everest 800R Power TEK 2008 est une toute nouvelle motoneige basée sur le châssis REV-XP avec tous les avantages inhérents à celui-ci. Dans la neige profonde, on en vient inévitablement à parler de poids. Officiellement, on parle de 439lbs pour 151hp, avec une chenille de 154 pouces, ce qui donne un ratio exceptionnel de 2,84 lbs par HP. Sur le Summit X, on parle de 429lbs avec la même configuration. Pour fin de comparaison, le Summit Adrenaline 2007 accusait 483lbs à la pesée, une différence de plus de 44lbs !
Les techniques de réduction de poids qui ont été utilisées dans la Summit comme dans les autres motoneiges munies du châssis REV-XP vous sont présentées dans notre article : Une nouvelle ère est arrivée.
Mise à part cette cure d’amaigrissement radicale, les autres éléments qui caractérisent la Summit Everest sont la nouvelle suspension SC-5M, l’inclinaison vers le haut de l’arrière de la chenille ainsi que les roulettes surdimensionnées, également à l’arrière. Ces deux derniers éléments d’apparence anodine diminuent de façon significative la résistance sur la chenille quand les crampons de 2.2 pouces doivent sortir la neige vers le haut à l’arrière. Résultat, une meilleure performance sur les fonds durcis à haute vitesse ainsi qu’une maoeuvrabilité accrue.
Mais encore une fois, toutes les belles paroles deviennent futiles quand on se retrouve dans la montagne au volant de cet engin. Autant le REV-XP est impressionnant dans le sentier par sa manoeuvrabilité, autant le Summit muni de ce châssis est maniable en neige profonde. La facilité avec laquelle on effectue les transferts de poids nous rend simplement meilleurs, et surtout nous évite souvent de nous retrouver dans de mauvaises postures. Et même dans ces situations (nous avons quand même forcé la dose à quelques reprises!), la légèreté de la motoneige combinée à la puissance du 800R et à la chenille de 154 pouces nous tirent du pétrin très souvent.
Pour le conducteur de « 20 pouces » que je suis, arrêter dans la neige profonde avec une motoneige munie d’une chenille de 16 pouces de large m’a toujours paru hasardeux. Avec un minimum de pilotage intelligent (lire: ne pas écraser l’accélérateur à fond), la nouvelle Summit peut repartir en neige profonde sans rester prise. Lors d’une de nos nombreuses pauses entre nos « performances » en neige profonde, Chris, notre guide, me confiait que malgré que le REV fût un des meilleurs châssis pour les motoneiges de montagne (ce que j’approuve), la différence avec le REV-XP est phénoménale (ce que je dois également approuver). On parle vraiment d’une évolution majeure pour les motoneiges de montagne.
Un autre élément très important de cette nouvelle motoneige est la facilité déconcertante à contrôler notre bolide lors de la conduite en sentier. Bien que conçu pour ne pas y être, comme la presque totalité des amateurs de neige profonde, nous avons dû faire plusieurs kilomètres de sentier afin de nous rendre aux endroits de prédilection. Ma première surprise fût de conduire cette longue chenille de 154x16x2.2 dans les sentiers sinueux en restant en parfait contrôle. Le centrage des masses de la motoneige combiné à l’arrière de la chenille surélevée donne une conduite exceptionnelle en sentier pour ce type de motoneige.
Une question m’est venue à l’esprit : ne pourrait-on pas nous aussi profiter de cette incroyable motoneige ? Après tout, nous avons de la neige à profusion dans plusieurs des régions du Québec et on aime autant s’amuser. Mais voilà, pour nous motoneigistes Québécois, il reste le problème de reculer dans la poudreuse. Dans les conditions des rocheuses Américaines ou Canadiennes, ce n’est pas un enjeu car il y a beaucoup d’espace libre. De plus, dans les endroits où il y a des arbres, ceux-ci sont plus distancés les uns des autres. C’est d’ailleurs pour ce marché précisément que la gamme Summit s’adresse. Mais dans nos conditions à nous, les situations où nous devons reculer sont plus fréquentes. Après quelques essais, il ne faut pas mettre beaucoup d’espoir sur cet aspect car même si elle est munie du système électronique de marche arrière, reculer en neige profonde n’est pas une caractéristique de cette motoneige. Mais pourquoi pas avec une chenille articulée ? On peut rêver (et faire un clin d’oeil aux ingénieurs de BRP) car cet aspect rendrait facilement cette nouvelle motoneige très intéressant pour ceux qui aiment la performance hors des sentiers battus et qui se retrouvent dans une situation où réussir à reculer de quelques pieds fait toute la différence. Tant qu’à nous offrir toute une série de longueur de chenille, pourquoi pas offrir l’option « chenille articulée ».
Nonobstant cet aspect qui pourrait être très intéressant pour les motoneigistes de plusieurs régions de l’est du Canada, il appert que la nouvelle Gamme de Summit va clairement redéfinir le monde de la motoneige de montagne qui fait constamment face au défi de la légèreté sur la neige. La combinaison poids-puissance de cette motoneige est optimale et l’héritage de manoeuvrabilité que procure le châssis REV-XP est un gage de succès pour cette catégorie de motoneige.