Dans une décision qualifiée d’«exceptionnelle, le gouvernement caquiste a annoncé jeudi qu’il rouvre le parc national du Mont-Tremblant aux motoneigistes. Cette pratique est interdite depuis plusieurs années en vertu de la Loi sur les parcs, à moins d’être autorisée par le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs.
« Le développement économique régional est une priorité pour notre gouvernement », a ainsi souligné le ministre Pierre Dufour, jeudi, dans le communiqué confirmant la décision déjà évoquée par son attachée de presse, Véronique Boulanger, en entrevue au Devoir le 23 novembre dernier.
Québec a assorti sa décision d’une série de « conditions » à respecter pour les motoneigistes, dont une limite de 50 km/h sur le sentier qui sera de nouveau accessible. Ce sentier, nommé « Caribou », passe dans le parc national du Mont-Tremblant et il avait été définitivement fermé aux motoneigistes en mars 2013.
Le ministre Dufour a également annoncé la mise en place d’un « comité de travail spécial » chargé de « prendre acte de l’ensemble des enjeux de développement économique » de la municipalité de Saint-Donat, qui réclamait la réouverture de ce sentier important pour l’économie locale. Un rapport « proposant des pistes de solution » sera produit d’ici la fin du mois de janvier 2019.
« Le tourisme hivernal représente des retombées économiques importantes pour plusieurs régions du Québec et ce droit de passage permettra aux utilisateurs de bénéficier pleinement de ce produit touristique. De plus, la mise sur pied du comité permettra très certainement à la municipalité de Saint-Donat de revitaliser l’offre touristique et économique régionale », a fait valoir jeudi la ministre du Tourisme, Caroline Proulx.
Sentiers fermés
Le cas de Mont-Tremblant n’était pas unique au Québec, puisque la pratique de la motoneige n’est plus permise dans les parcs nationaux depuis l’an 2000. Cette décision avait été prise en raison des impacts sur le milieu naturel, du dérangement de la faune, de la pollution sonore et de l’incompatibilité avec les activités offertes dans les parcs nationaux.
Depuis ce temps, des sentiers de motoneige ont donc été aménagés à l’extérieur des limites de six parcs nationaux du Québec, dont ceux du Mont-Tremblant, des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, des Monts-Valin, du Lac-Témiscouata, de la Pointe-Taillon et du Mont-Orford.
Dans ce contexte, le biologiste Alain Branchaud, de la Société pour la nature et les parcs, déplore le « précédent » que le gouvernement risque de créer en ouvrant la porte aux motoneiges dans un premier parc national. «C’est l’image de marque de l’ensemble du réseau de parcs nationaux québécois qui risque d’être affectée par cette décision gouvernementale. C’est la nature et la tranquillité qu’ils offrent qui représente le principal attrait touristique de nos parcs nationaux. On se tire littéralement dans les pieds.»
« C’est aussi un exemple de la grande difficulté que nous avons à respecter l’intégrité écologique de nos aires protégées », a-t-il ajouté. Le Québec est également en retard dans la protection de son territoire naturel terrestre. L’objectif pour 2020 a été fixé à 17 %, alors que le taux atteint actuellement 10,3 %.