Les motoneigistes ne seront plus les bienvenus dans le parc industriel de Sherbrooke et dans le secteur hôtelier et de restauration de la rue Don Bosco si la Ville de Sherbrooke approuve une proposition déposée hier au conseil municipal. La Ville de Sherbrooke se donne encore un mois avant d'établir si elle retirera son droit de passage au Club de motoneige Harfang de l'Estrie à l'occasion du conseil municipal d'hier.
Si la décision a été reportée à une séance future pour permettre au club de motoneige de proposer des solutions, il a été proposé que les motoneiges ne puissent plus circuler sur les rues de la Burlington, Don-Bosco Sud, J.-A.-Bombardier et Marconi, entre le sentier multifonctionnel et la rue King Ouest. S'ajoutent à la liste la circulation le long du ruisseau Lyon, le sentier multifonctionnel longeant la voie ferrée de la compagnie ferroviaire MMA, entre l'autoroute 410 et la rue Burlington, le parc industriel régional de Sherbrooke et la traverse des boulevards de Portland et Industriel.
Cette décision s'explique entre autres par les investissements importants pour assurer la sécurité des motoneigistes et par les travaux de prolongement du boulevard de Portland, qui pourraient s'amorcer cet automne. La Ville de Sherbrooke attend toujours la décision du ministre de l'Environnement à la suite du dépôt du rapport du BAPE à ce sujet, rapport qui sera rendu public dans les prochains jours.
« Tout porte à croire que le projet de prolongement du boulevard de Portland sera accepté avec certaines contraintes, mais que nous pourrons aller de l'avant. Nous avons déjà près de 50 % des plans et devis de faits. Nous pourrions faire de travaux cet hiver dans les zones humides et préparer le carrefour giratoire au coin de Portland et du boulevard Industriel », explique Denis Gélinas, directeur du service des infrastructures urbaines et de l'environnement à la Ville de Sherbrooke, pour justifier les impacts des travaux pendant la saison hivernale.
« Là où les motoneigistes passent actuellement, il y aura beaucoup de transports liés aux travaux, cinq jours par semaine », ajoute-t-il.
La Ville devrait investir 100 000 $ pour ajouter des feux de circulation qui assureraient la sécurité des motoneigistes souhaitant traverser le boulevard de Portland. Elle devrait également doubler le sentier polyvalent entre l'autoroute 410 et la rue Burlington pour respecter la Loi sur les véhicules hors route. Ces travaux nécessiteraient l'injection de 950 000 $.
La Ville fait en ce sens valoir que le sentier multifonctionnel sera pavé entre les rues de la Burlington et Comtois, ce qui le rend incompatible avec la pratique de la motoneige.
Le conseiller Jean-François Rouleau a déploré le manque « de réelle volonté politique du conseil » pour en arriver à une solution satisfaisante pour tous. « Je suis gêné de voir qu'il n'y a pas de solution plus raisonnable quand Sherbrooke est la capitale de la motoneige », faisant notamment référence à la présence de la compagnie BRP en région.
« Considérant que nous comptons sur l'industrie de la motoneige dans notre région, je suis du même avis que M. Rouleau », a réagi la conseillère Annie Godbout. Elle propose d'évaluer la possibilité de recourir au principe d'utilisateur-payeur et de solliciter un investissement de la Fédération des clubs motoneigistes du Québec.
La conseillère du district de Brompton Nicole Bergeron a tenu à rappeler que les motoneigistes continueront de circuler sur le territoire de la ville, en périphérie. « Comme élus, nous devons être conscients de notre imputabilité quand il est temps de permettre aux motoneigistes de traverser des boulevards achalandés. »
« C'est inévitable. Quand nous continuons à développer, les objectifs deviennent incompatibles avec ceux des clubs de motoneige. Il est clair que nous en viendrons à interdire complètement la motoneige dans le noyau urbain et c'est le sens de la décision que nous avons à prendre », a ajouté le maire Bernard Sévigny.