Québec se décide à agir afin de régler définitivement une partie des problèmes récurrents qui affligent l’industrie de la motoneige. Le ministre délégué aux Transports, Norman MacMillan, a confirmé, il y a quelques jours, l’intention de son gouvernement d’oeuvrer afin que des sentiers permanents de motoneige et de quad soient identifiés sur le territoire québécois, dès la fin de la présente année. Après le tumulte des derniers mois, tumulte qui est venu bien près de mettre fin à la saison de motoneige 2010-2011 avant même qu’elle ne débute, voilà finalement un signal encourageant, bien qu’un peu tardif, pour les bénévoles et les amateurs de promenade hors route.
Irritant
Avec la question du financement des activités des clubs, l’identification des tracés des sentiers demeure le principal irritant qui nuit à la croissance et au développement de l’industrie de la motoneige, et dans une certaine mesure à celle du quad.
Le blocus des sentiers empruntant des terres agricoles, décrété en début de saison par l’UPA afin de faire pression sur Québec dans l’affaire de la Financière agricole, l’a bien démontré. De nombreux agriculteurs ont profité de ce litige pour faire comprendre qu’ils n’accepteront plus que les amateurs de VTT et de motoneige circulent sur leurs terres. Ou du moins qu’ils n’accepteront plus de leur céder gratuitement un droit de passage. En cette matière, il était devenu clair que le statu quo ne pouvait plus durer. D’ailleurs, de très nombreuses voix se sont élevées, au cours des dernières années, tant au Saguenay-Lac-Saint-Jean que dans d’autres régions « nordiques «, pour que Québec s’implique afin de faciliter la modernisation de cette industrie qui génère des retombées majeures.
Il faut donc saluer la décision du gouvernement Charest de s’impliquer dans ce dossier explosif. Québec a les moyens, les ressources et la vue d’ensemble, outils nécessaires pour asseoir tous les intervenants concernés par l’industrie à la même table et obtenir des résultats. Si le gouvernement a vraiment la volonté de trouver des solutions, toutes les parties n’auront pas d’autre choix que de discuter et de s’entendre. Bien que cela risque d’être difficile, comme l’a démontré la dernière sortie d’André Fortin, président régional de l’UPA.
Il importe que, dans les démarches, ce soit les dirigeants et les bénévoles actifs sur le terrain qui connaissent le mieux leurs besoins et les réalités avec lesquelles ils doivent composer qui aient le haut du pavé. Cela semble justement la voie privilégiée par le ministère des Transports. Le mandat de définir les tracés et de proposer des solutions durables est, en effet, confié aux tables de concertation déjà chargées, dans chaque région, d’étudier cette industrie.
Démarche ambitieuse
Si l’implication du gouvernement du Québec arrive à point nommé, il faut bien admettre que celui-ci place la barre très haute. Ainsi, les tracés des nouveaux sentiers permanents devraient être connus dès le début de la prochaine saison. Un défi de taille qui crée déjà des attentes importantes au Saguenay-Lac-Saint-Jean. De plus, aucune somme d’argent n’a encore été clairement rattachée à la démarche. Or, il est certain que le processus nécessitera l’injection de quelques millions de dollars. Plus tôt que tard, Québec devra délier les cordons de sa bourse.
De prime abord, il apparaît que définir le tracé permanent des sentiers reliant les diverses régions entre elles sera une tâche relativement facile. Dans la plupart des cas, ces pistes emprunteront ou empruntent déjà surtout des terres publiques ou des propriétés isolées pour lesquelles il sera probablement plus aisé d’obtenir des droits de passage. Ce ne sera pas aussi facile dans le cas des sentiers intrarégionaux, qui empruntent majoritairement des terres agricoles ou serpentent en tout ou en partie sur des propriétés privées, souvent près des zones habitées. C’est à ce chapitre que les négociations seront les plus ardues. C’est là le piège susceptible de faire capoter l’objectif poursuivi par Québec. Les agriculteurs, échaudés par les événements de l’automne dernier, attendent le gouvernement et ses émissaires dans le détour! Peu importe, l’impulsion donnée par le gouvernement dans le dossier de la motoneige apporte une lueur d’espoir à l’ensemble des intervenants et des amateurs qui gravitent autour de cette industrie. Mais rien n’est gagné et les discussions promettent d’être houleuses.