L’Union des producteurs agricoles (UPA) du Québec a décidé, hier, de maintenir le mot d’ordre lancé à ses membres pour qu’ils refusent l’accès de leur terre aux motoneigistes. L’UPA proteste contre les compressions de 80 millions de dollars imposées dans un programme de stabilisation des revenus de la Financière agricole.
Réunis en congrès à Québec, les délégués de l’UPA ont réservé un accueil glacial au discours du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Laurent Lessard, qui n’a pris aucun engagement pour répondre aux trois conditions mises de l’avant par les agriculteurs pour lever leur «blocus» sur les sentiers de motoneige.
En conséquence, les 209 clubs de motoneige du Québec ne pourront pas compter cet hiver sur les privilèges d’accès que leur accordent normalement les agriculteurs. Selon les régions, entre 20% et 40% des sentiers de motoneige, fréquentés par quelque 90 000 personnes, traversent les terres privées d’agriculteurs membres de l’UPA.
Réplique des motoneigistes
La Fédération des clubs de motoneige du Québec (FCMQ) a immédiatement réagi en assurant à ses membres qu’il y aura quand même une saison de motoneige, même si les sentiers devront contourner des terres privées habituellement accessibles.
L’Association des motoneigistes du Québec, qui regroupe des adeptes de ce sport à titre individuel, s’est dite pour sa part «consternée de voir que ni le gouvernement ni le monde agricole n’a été en mesure de régler le conflit qui les oppose» et qui «met en péril un nombre important d’entreprises qui vivent des retombées de la motoneige».
La pratique de la motoneige n’est pas en cause dans le conflit qui persiste depuis plusieurs mois entre le gouvernement et l’UPA.
En mars dernier, le ministre Lessard a annoncé des compressions de 80 millions dans le Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA), qui sera doté d’un fonds de 630 millions. Ces compressions à la Financière agricole s’ajoutent aux appréhensions de l’UPA quant aux mesures que Québec pourrait appliquer pour réformer les institutions du monde agricole dans les prochaines années. L’UPA craint notamment que son statut de «monopole syndical» soit remis en question et que le fonctionnement des agences de mise en marché des produits agricoles, créées dans les années 80, soit modifié.