Deux des plus grands manufacturiers de motoneiges au monde ont leur siège social au Minnesota. Alors, il ne faut pas se surprendre si on y retrouve certains des meilleurs pilotes de course de motoneiges au monde.
L’un d’eux, M. Tucker Hibbert, est le roi du snocross, l’événement sportif le plus spectaculaire, le plus regardé à la télévision et le plus dangereux.
Tucker Hibbert
Ce qui est surprenant, vu la propriété casse-cou de ce sport, c’est que Hibbert insiste pour dire qu’il n’est pas du genre à prendre des risques.
En snocross, une douzaine ou plus de motoneiges boostées font la course côte à côte sur un parcours rapproché et sinueux avec des sauts immenses. Les pilotes se blessent souvent et parfois se tuent. Mais Hibbert dit que garder le contrôle a été la clé de son succès depuis qu’il a commencé à pratiquer ce sport dangereux il y a 20 ans.
«Je n’aime pas aller au bout de mes forces ou au maximum de mon contrôle», l’homme de Pelican Rapids a-t-il dit récemment lors d’une pratique. «J’essaie de l’éviter autant que je le peux. D’autres pilotes de course font du snocross toujours au bout de leurs capacités, à plein régime. Ceux-là donnent un bon spectacle, mais ce sont aussi ceux-là qui ont des accidents ou se blessent.»
Le jour où nous l’avons rencontré, Hibbert était à la piste de course depuis plusieurs heures et pourtant, il n’avait pas encore conduit sa motoneige. La piste de course serpente sur un espace de la grandeur d’un terrain de football. Elle comporte des virages en aiguille, des gros sauts et un terrain accidenté. Et comme ça gèle dur durant la nuit, alors chaque matin, le parcours doit être passé au bulldozer et reconstruit, ce qui prend environ 5 heures.
Tucker Hibbert
Pendant ce temps, Kirk, le père de Tucker, remplace les plaquettes de frein sur la motoneige. Il a lui-même connu une longue carrière fructueuse en course de motoneiges. Son nom apparaît au Panthéon de la motoneige. Aujourd’hui, il est chef-mécanicien pour son fils.
Au centre, le champion incontesté snocross classe Pro Open de la saison 2012-2013, Tucker Hibbert
Quand il ne fait pas de course, Tucker Hibbert dit qu’il passe la plupart de son temps au circuit de pratique. Des fois, il pilote jusqu’à minuit pour ajuster sa motoneige le plus précisément possible et s’améliorer lui-même. Il porte des supports aux genoux et au cou, une veste de protection pour le haut du corps et un casque; voilà l’équipement standard de tous les pilotes de snocross. Hibbert affirme que ces accessoires sont en constante amélioration et que ça rend les courses plus sécuritaires. Son habit de pilote de course est recouvert des logos des commanditaires qui payent ses factures et lui procurent des revenus.
Hibbert en action, a complètement dominé les compétitions de snocross cette année
Pour réussir en course de motoneiges, ça prend de la vitesse, de l’agilité, de la force et du timing. Frapper une bosse juste à la bonne vitesse signifie un atterrissage plus doux de l’autre côté. Trouver le tracé le plus rapide pour traverser un virage peut faire la différence entre la victoire et la défaite.
Les points sur la piste qui n’inquiètent pas Hibbert sont justement ces gros sauts, où les pilotes de course s’envolent jusqu’à 6 à 9 mètres dans les airs.
Entraînement
«Les gens pensent que ce sont les sauts qui sont les plus risqués parce qu’ils ont l’air si imposants. Et certains sont si gros. Mais au contraire, ce sont les obstacles les plus faciles à franchir de toute la piste. C’est là qu’on peut se reposer un peu. On s’élève dans les airs et là, on peut respirer et relaxer notre corps un peu et se préparer pour le choc qui s’en vient», dit-il.
Ces chocs répétés laissent quand même des traces. Hibbert a subi deux chirurgies aux genoux et a eu quelques os cassés. L’an dernier, il a perdu le contrôle de sa motoneige à 100 km/h et s’est écrasé durement. Il a eu un rein lacéré et a passé trois mois en dehors du circuit.
Mandi, la femme de Tucker, dit que l’accident était épeurant à regarder mais qu’elle n’a jamais remis en question la décision de son mari de retourner en piste. Elle voyage avec Tucker, s’occupe des relations publiques et des contacts très importants avec les commanditaires qui sont leur principale source de revenus. C’est une entreprise qui requiert de la discipline.
«L’image la plus erronnée que plusieurs ont du snocross et des sports motorisés en général, c’est qu’on a un style de vie débridé», dit-elle. «Si vous saviez comme c’est loin d’être vrai. On ne peut pas sortir et faire la fête, ça serait absolument impossible de garder la forme physique et l’acuité mentale nécessaires pour compétionner comme ces pilotes le font.»
Tucker Hibbert a commencé à faire de la course de motoneiges à l’âge de 8 ans. Il est devenu professionnel à 15 ans. Âgé aujourd’hui de 28 ans, il est au sommet de son sport après avoir remporté 2 championnats mondiaux, 6 championnats nationaux et 6 médailles d’or d’affilée aux X Games, les jeux olympiques des jeux extrêmes. Pourtant, il admet que des fois, il pense à un travail régulier de 9 à 5.
«Oui, c’est sûr que certains jours, je ne veux pas enfourcher ma motoneige. Je ne veux pas me lever tôt et aller à la piste de course. Mais vous savez, ce sont ces jours-là que vous remportez la victoire. Les jours où vous ne voulez pas le faire, mais où vous le faites quand même», a-t-il dit.
Et alors que certains l’appellent le Michael Jordan de la course de motoneiges, lui-même se décrit plus modestement et vise toujours plus haut.
«J’ai gagné beaucoup de courses et j’ai été capable de faire plein de choses géniales», dit-il. «J’ai encore la motivation d’en faire plus et de m’améliorer, et j’aime toujours ça».