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ToggleDepuis quelques jours, la communauté motoneigiste est secouée par une crise touchant l'utilisation des chenilles cramponnées au Québec. En effet, sur les réseaux sociaux et divers forums, on parle abondamment du fameux projet pilote relatif à l’utilisation d’antidérapants sur les pneus ou les chenilles des véhicules hors route.
En effet, depuis le 2 janvier, ce projet pilote interdit la circulation des motoneiges dont les chenilles sont dotées de crampons (clous, « pins »). Voir l'article 2 de « Arrêté numéro 2015-18 du ministre des Transports » (Lien…). Selon l'interprétation officielle qui a été remise aux forces policières pour les guider dans leur application de la réglementation du projet, les chenilles précramponnées (Exemple IceRipper ou IceAttack ») seront toutefois tolérées.
Bien que les vraies motivations derrière la décision du Ministère des Transports d'exclure du projet pilote les crampons de type « clous » ou « Vis » restent floues, il semble que les dommages au pavage des traverses des routes soient une des raisons. Si cela est le cas, il faut croire que les décideurs ne sont pas familiers avec la réalité de notre sport puisque le fait de traverser de façon responsable une route asphaltée avec des crampons bien installés n'endommage d'aucune façon le pavage. Ceci dit, cette décision a des répercussions beaucoup plus grandes tant au niveau de la sécurité que des impacts économiques.
Sécurité
Comme pour l'utilisation de tout autre véhicule, la pratique de la motoneige doit se faire dans un contexte sécuritaire afin d'éviter des accidents. La traction de la chenille devient donc un élément très important, et ce, sur tous les types de surfaces. L'utilisation des crampons augmente significativement la traction de la chenille sur les surfaces glacées permettant un meilleur contrôle et des freinages beaucoup plus efficaces. D'ailleurs, les motoneigistes qui font installer des crampons sur la chenille de leur motoneige sont pratiquement unanimes à dire que leurs prochaines motoneiges seront équipées de crampons.
Avec les conditions climatiques que l'on connait cette année où il y a une alternance de températures froides et douces, la présence de glace dans les sentiers est grandement augmentée. Dans le but d'optimiser la sécurité, l'utilisation de crampons, peu importe le type, serait donc un élément important à favoriser. L'entrée en vigueur de ce projet pilote dans sa version actuelle va donc à l'encontre du bon sens! Si on analyse froidement la situation : on proscrit délibérément un dispositif destiné à augmenter la sécurité des motoneigistes afin d'épargner de dommages minimes à quelques mètres carrés de pavage aux traverses de chemin. Où est la logique dans cela ???
La Fédération des Clubs de Motoneigistes du Québec (FCMQ) avait pourtant bien mis en valeur que « les crampons de chenille sont des dispositifs de sécurité éprouvés, ayant fait leurs preuves non seulement dans de nombreuses études spécialisées au fil des années, mais également par leur utilisation par des milliers de motoneigistes depuis de nombreuses années. » Les recommandations de notre fédération ont été ignorées par les preneurs de décisions même si cette dernière détient une très vaste expertise pour tout ce qui touche la pratique de la motoneige tant au Québec que dans les autres provinces et États. D'ailleurs, comment se fait-il que le Québec s'isole de la sorte dans ce dossier puisque les crampons sont abondamment utilisés chez nos voisins?
Impacts économiques
Au moment d'écrire ces lignes (14 janvier 2016), les impacts économiques faisant suite à l'entrée en vigueur de ce projet pilote commencent déjà à se faire sentir chez les divers intervenants touristiques. En effet, le Magazine a fait sa petite enquête auprès de certains intervenants et certains d'entre eux nous ont confirmé avoir eu plusieurs annulations de la part de motoneigistes américains et ontariens. C'est plus de 250 nuitées qui ont déjà été annulées en Gaspésie selon nos contacts et la tendance s'amplifie de jour en jour. « On reçoit plusieurs appels par jour de touristes américains qui remettent en question leur voyage puisque leur motoneige est munie de crampons ». Nous indique un hôtelier qui préfère garder l'anonymat. « En considérant qu'une journée de voyage en motoneige peut couter entre $200 et $300, c'est une perte de retombées touristiques que l'on peut facilement se chiffrer entre $50 000 et $75 000… Et ce n'est que la toute petite pointe de l'iceberg » renchérit Denis Lavoie de Motoneiges.ca.
Dans des régions comme Chaudière-Appalaches, le Bas-Saint-Laurent ou la Gaspésie, cette situation, si elle persiste, est tout simplement catastrophique.
Sur les différents forums et médias sociaux, les motoneigistes américains et des autres provinces annoncent ouvertement qu'ils iront visiter d'autres destinations que le Québec. Avec les centaines de milliers de dollars investis année après année par les divers intervenants de la motoneige (Associations et bureaux touristiques, groupes d'hôteliers, etc.) à l'étranger afin de développer le Tourisme à Motoneige au Québec, l'orientation prise par le Ministère des Transports dans ce dossier, en dépit des représentations faites par la FCMQ, va carrément à contre sens!
De plus, si la situation persiste, on peut se poser les questions suivantes : L'an prochain et pour les suivantes, comment les intervenants via les salons et les diverses campagnes publicitaires feront-ils pour attirer de nouveau les touristes américains et des autres provinces à venir visiter les sentiers du Québec? Est-ce que le gouvernement du Québec sera là pour aider ces intervenants à réparer les pots cassés?
La mise en place de ce projet pilote dans sa forme actuelle par le Ministère des Transports vient de court-circuiter les efforts des dernières années de tous les intervenants touristiques de l'industrie québécoise de la motoneige. De plus, ceci met en péril des centaines, voire des milliers d'emplois dans des régions où la motoneige constitue le principal moteur économique en saison hivernale. Finalement, sans le savoir, les fonctionnaires qui ont pris les décisions (sans s'appuyer sur les recommandations de la FCMQ, faut-il le rappeler) vont priver annuellement l'État, leur employeur, de plusieurs millions de dollars en taxes, impôts et autres retombées…
Stopper l'hémorragie
Le gouvernement doit donc faire très vite afin de renverser la situation… Donner immédiatement les instructions aux divers corps de policiers de ne donner que des avertissements au lieu des contraventions pour le reste de la saison serait déjà un bon début. Ceci permettrait de minimiser les impacts négatifs au niveau touristique.
Par la suite, faire adopter un amendement au projet pilote en tenant compte des recommandations de la Fédération des Clubs de Motoneigistes du Québec et de la réalité monde de la motoneige.
Et nous comme motoneigistes, que pouvons-nous faire?
Nous invitons tous les motoneigistes de la province et d'ailleurs d'écrire directement au Ministère des Transports du Québec (MTQ) par courriel à l'adresse suivante : [email protected]. N'hésitez pas à mettre en référence le présent article ainsi que le communiqué de presse émis par la FCMQ (Lire…)