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ToggleEn juillet dernier, le fabricant de motoneiges et de motomarines électriques Taiga Motors s’est mis à l’abri de ses créanciers. Après des mises à pied en février dernier, l’arrêt de la production au début avril et des pertes trimestrielles successives de plusieurs dizaines de millions, le manufacturier québécois vivait sur du temps emprunté. Or, au moment de mettre cet article en ligne, nous apprenons que Taiga Motors aura une deuxième vie. En effet, Vita Power, une entreprise britannique, se portera prochainement acquéreur du fabricant québécois.
Mais, qu’est-ce qui explique les déboires de Taiga Motors ? Dans cet article, je vais faire un retour sur les projets plus qu’ambitieux de Taiga et l’avenir possible de l’entreprise au cours des prochaines années.
Saison de motoneige difficile à blâmer ?
Plusieurs blâment les mauvaises conditions d’enneigement des deux dernières années pour expliquer la débâcle de Taiga. Personnellement, je suis d’avis que le problème est beaucoup plus profond. En effet, dès le départ, le fabricant visait une production annuelle pouvant atteindre jusqu’à 80 000 unités. On parle ici d’une production combinée de motoneiges et motomarines complètement électriques. Ces prévisions sont absolument illusoires, à la limite fantaisistes.
Pas de place dans l’industrie pour une production de cet ordre
Bon an, mal an, la production mondiale annuelle de motoneige se situe entre 120 000 et 130 000 unités. Pour les motomarines, ces chiffres se situent entre 100 000 et 130 000 nouvelles unités annuellement.
Supposons, pour un instant, que la production annuelle de motoneiges Taiga ait atteint 10 000 unités. Pour arriver à les vendre, le fabricant aurait eu besoin de gruger près de 10 % des parts de marché aux autres manufacturiers. Considérant l’autonomie moyenne de 100 km des motoneiges électriques, en plus de tous les défis reliés à l’accès aux bornes le long des sentiers, ce n’était pas réaliste ! Voyons donc !
Des prêteurs gouvernementaux dupés
Ainsi, dès le départ, le plan d’affaires de Taiga Motors était voué à l’échec. Ce qui me déçoit le plus, c’est que les gouvernements se sont laissés berner. En effet, ils ont accordé plus de 30 M$ en prêts sans analyser eux-mêmes les marchés de la motoneige et de la motomarine.
L’avenir des motoneiges électriques
Comprenez-moi bien, je crois que l’arrivée des motoneiges électriques est viable, voire souhaitable. Cependant, pas sur l’ensemble du marché. Pour certaines applications, pour certaines personnes et dans certains contextes, la motoneige électrique serait très appropriée. Ainsi, une petite partie des ventes sera probablement pour des unités électriques.
Au fil du temps, avec l’arrivée de nouvelles avancées technologiques, une autonomie accrue et un accès plus facile aux bornes de recharge, ce type de motoneige gagnera des parts de marché. Cette intégration au marché sera graduelle et étalée sur plusieurs années.
Taiga aurait dû mettre toutes ses énergies sur les motomarines
Je suis d’avis que Taiga Motors aurait dû mettre de côté ses aspirations à développer une motoneige 100 % électrique et se concentrer au marché des motomarines électrique. Je base cette réflexion sur trois facteurs principaux.
Concevoir et produire une motoneige, c’est complexe.
En effet, même avec tout le bon vouloir, la conception d’une motoneige exige une très grande expertise. Mis à part la motorisation, il est nécessaire de développer un châssis, une suspension efficace et robuste, une expérience de conduite agréable et sécuritaire, etc.
Les principaux manufacturiers peuvent compter sur l’expertise de nombreux ingénieurs qui disposent d’une vaste expérience dans le domaine. Le développement d’une motomarine, quant à lui, semble beaucoup plus à la portée d’une jeune entreprise. En effet, les défis technologiques sont beaucoup moins grands pour développer une motomarine qu’une motoneige.
Accès plus facile aux bornes de recharge
Le contexte d’utilisation d’une motomarine rend l’accès à des bornes de recharge beaucoup plus simple. Pour les propriétaires d’une résidence sur le bord de l’eau, le point de départ et d’arrivée est souvent un quai aménagé pour y amarrer la motomarine. Il est donc facile, en y installant une borne de recharge, de brancher celle-ci au retour d’une excursion sur le lac. D’autres points de recharge dans les marinas, par exemple, pourraient aussi rendre l’utilisation d’une motomarine électrique beaucoup plus facile.
Marchés mondiaux et à l’année
La motoneige ne se pratique que dans quelques pays où le couvert de neige est suffisant. De plus, la saison de motoneige ne dure qu’une petite partie de l’année. De son côté, la motomarine se pratique à l’année dans de nombreux pays.
Ce ne sont que quelques facteurs qui indiquent que Taiga Motors aurait dû concentrer ses ressources à ce marché.
L’avenir de Taiga Motors
Vita Power, le futur acquéreur de Taiga, est spécialisé dans la conception et l’intégration de motorisation électrique dans le marché des bateaux de plaisance ou à usage commercial. Bien entendu, ceci est pleinement compatible avec la division motomarine de Taiga. Celle-ci a même déjà deux modèles sur le marché : la Orca et la Orca Carbon.
Selon ce qu’on a appris, Vita Power se serait engagé à poursuivre les activités de Taiga Motors au Québec. D’ailleurs, tout semble indiquer qu’il pourrait y avoir une reprise des activités à l’usine de LaSalle. Cela dit, il n’est pas clair si le fabricant reprend la production de motoneiges ou seulement celle de motomarines. Il sera donc intéressant de suivre les activités de Taiga Motors au cours des prochains mois ou des prochaines années.
Pour plus d’informations, vous pouvez visiter le site web de Taiga Motors
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