(Shawinigan) Si l'absence de neige abondante n'a pas le même impact économique pour différents intervenants touristiques en Mauricie, tous sont d'accord pour accueillir une bonne bordée dans les meilleurs délais afin d'améliorer les conditions des sentiers de motoneige.
L'auberge Escapade vit des moments sombres dans le rayon du tourisme relié à la motoneige. Les clients provenant des tournois sportifs sont là et animent grandement l'établissement de Shawinigan durant les fins de semaines, de même que la clientèle du restaurant. Mais les motoneigistes sont peu nombreux, en raison notamment de la fermeture de certains sentiers.
«L'aspect motoneige fait mal, reconnaît Kevin Vézina, directeur de la réception. Les réservations de chambre pour les motoneigistes en janvier ont été annulées à 100 % jusqu'à maintenant. Habituellement, on loue 50 chambres pour le mois de janvier à des Américains. Il y a plein d'Américains qui ont annulé. La saison n'est pas très bonne.»
Cette perte d'achalandage en janvier ne pourra être récupérée durant le reste de la saison, ajoute M. Vézina. La situation a d'ailleurs forcé la direction à réduire les heures de travail de sa douzaine d'employés.
«Quelques motoneigistes ont réussi à se rendre ici parce qu'ils savent par où passer. Mais à plusieurs endroits, il y a du gazon qui ressort dans les champs. Ça prendrait un bon 30 centimètres de neige», ajoute M. Vézina.
Le son de cloche est semblable du côté des Hôtels Marineau. Des touristes européens font de la motoneige dans des conditions ordinaires et l'achalandage général relié à la motoneige est en diminution, à l'image du chèque de paie de serveuses et de femmes de chambre.
«Il y a une baisse importante du chiffre d'affaires relié à la motoneige, au moins 30 % par rapport à l'an passé. Mais la clientèle corporative, le tourisme sportif, les restos, ça va bien», note Donald Desrochers, directeur du marketing des Hôtels Marineau.
La compagnie possède deux établissements à La Tuque, un dans le secteur de Grand-Mère à Shawinigan et un à Mattawin. Les motoneigistes ne peuvent circuler entre Mattawin et La Tuque, car une section de 15 km de sentiers de motoneige est toujours fermée. Et la rivière Saint-Maurice n'est pas gelée dans le secteur de Grand-Mère, ce qui nuit à la circulation des motoneigistes.
«On a un dollar faible, le prix de l'essence est faible, ajoute M. Desrochers. On se disait qu'on aurait les conditions parfaites. Mais non. Le marché de la motoneige est en transformation.»
La région de Saint-Alexis-des-Monts semble avoir une saison assez bonne. L'auberge du Lac-à-l'eau-claire réussit à maintenir son niveau d'occupation grâce à ses visiteurs européens, eux qui représentent 80 % de la clientèle hivernale.
«On a un bon achalandage, dit Philippe Tousignant, directeur de l'hébergement. La période des fêtes a été plus compliquée pour la motoneige et le traîneau à chiens. La bordée de neige reçue entre Noël et le jour de l'An a permis de lancer les activités. Les choses se sont replacées. Mais ça prendrait une bonne bordée de neige: on fait de la raquette sur un fond dur, les sentiers de motoneige sont sur un fond dur. Avec de la neige, ce serait plus agréable autant pour le ski de fond que les traîneaux à chiens et la motoneige.»
À l'hôtel Sacacomie, plus de 60 % de la clientèle est européenne. Les visiteurs étrangers sont nombreux, de même que les touristes québécois, si bien que l'établissement s'attend à des mois de janvier et de février en hausse.
«C'est au-delà de nos attentes. Les gens peuvent profiter des activités hivernales. Mais pour la motoneige et le traîneau à chiens, ça se fait en formule d'une heure. On ne peut pas offrir des formules de demi-journées, à cause des conditions de sentiers. Mais on s'adapte. La motoneige, le ski de fond, la raquette ne se font pas dans les conditions habituelles, mais ça se fait», raconte la directrice des ventes et du marketing, Marie-Andrée Boivin.
Daniel Grenier, directeur du marketing à la Pourvoirie du lac Blanc, prendrait lui aussi une bonne chute de neige. Malgré la situation actuelle, l'établissement réussit à faire vivre l'expérience hivernale tant recherchée par les Européens en offrant notamment des tours de motoneige, des tours de traîneau à chiens et la pêche blanche.
«La clientèle européenne est au rendez-vous, car elle réserve six mois à l'avance. Ce sont les Québécois qui sont moins là, car ils se promènent moins en motoneige. Le samedi, on peut accueillir entre 300 et 400 dîneurs, principalement des Québécois et des Américains. On fait actuellement 250 dîners. C'est la restauration qui a la plus forte baisse. Les activités et l'hébergement se maintiennent», déclare M. Grenier, en ajoutant que l'équipe du Lac Blanc estime que les choses vont plutôt bien lorsqu'elle compare sa situation à celle vécue par d'autres joueurs dans l'industrie.