Un grand scepticisme et une réelle exaspération accueillent le projet de loi du gouvernement du Québec qui sera déposé cet automne et qui interdira aux motoneigistes et conducteurs de VTT de circuler sur les sentiers passé 22h, la semaine, et 23h, le week-end, et ce jusqu’à 6h du matin.
La nouvelle publiée dans un quotidien de Montréal a eu l’effet d’une bombe et plusieurs intervenants de ce milieu ne mâchaient pas leurs mots face à un gouvernement «qui vient encore mettre des bâtons dans les roues d’une industrie qui fonctionne bien, sous prétexte de mâter une poignée de délinquants et satisfaire quelques plaignants.»
Paul Gélinas, surnommé Monsieur motoneige, pratique ce sport depuis 52 ans et a été propriétaire de 76 motoneiges. À chaque année, il fait entre 15 000 et 20 000 km sur les sentiers du Québec. Et il n’en revient pas.
«Voilà une autre restriction qu’on vient imposer. Pas d’éolienne, pas de gaz de schiste, pas de barrage, pas de bruit, pas de pollution, pas de prière à l’hôtel de ville», a-t-il ironisé.
Comme beaucoup d’autres adeptes de la motoneige, ce dernier se demande comment le gouvernement va s’y prendre pour faire respecter une telle réglementation sur les sentiers, en pleine nuit, alors qu’il n’arrive pas à faire respecter en plein jour la loi qui interdit les cellulaires au volant.
Il ajoute que Québec devrait plutôt s’attaquer aux motoneiges qui ont des silencieux modifiés et tant qu’à y être, «aux motocyclettes modifiées et aux Honda conduites par des casques à palette.»
«Nos motoneiges aujourd’hui sont moins bruyantes et moins polluantes et lorsqu’elles passent près d’une résidence, elles ne font pas plus de bruit qu’une automobile. C’est illogique cette loi-là, c’est insensé!»
M. Grenier se demande aussi qui interviendra dans les régions au nord. «Si je veux aller d’une pourvoirie à l’autre, de Clova à Parent, je ne m’empêcherai sûrement pas d’y aller parce qu’il va être bientôt 22h. Ça n’a pas de sens. Il n’y a pas de police. Ils vont faire une loi pour satisfaire des gens qui chialent sur tout. Comme dans les cas du Petit train du nord et de Saint-Prosper.»
Candy Liu, la fille des propriétaires chinois du relais de motoneiges La cabane chez Roger, à Saint-Prosper, n’était pas trop au courant du projet de loi, mais il est manifeste, croit-elle, qu’il aura des répercussions non négligeables sur son commerce.
Cet important relais est réputé pour servir des repas, mais aussi de simples consommations aux motoneigistes en soirée. Il le fait jusqu’à environ 23 h. Elle fait aussi remarquer que s’il faut que les motoneigistes soient rentrés pour 22 h ou 23 h, il faudra qu’ils quittent son établissement presque une heure avant.
Mme Liu ne voit pas non plus comment elle pourrait fermer son relais plus tôt, alors que les motoneigistes en ont besoin la nuit pour se réchauffer…. souvent après 22 h. «Si on restait ouvert 24 h, on aurait du monde 24 h sur 24. Mais on ne dépasse jamais minuit.»
Daniel Grenier, responsable du marketing à la pourvoirie du Lac-Blanc, à Saint-Alexis-des-Monts, trouve le projet de loi «ordinaire».
À son avis, moins de 1 % des motoneigistes voyagent de nuit. Il note lui aussi que les nouvelles motoneiges sont beaucoup moins bruyantes et moins polluantes.
Dossiers : Projet de loi sur les VHR
(2010-10-04) – L’interdiction de circuler la nuit dénoncée
(2010-09-30) – Les motoneigistes s’opposent au couvre-feu unilatéral à partir de 22h
(2010-09-30) – Fini les motoneiges après 22h ?
(2010-09-30) – Inquiétude au niveau touristique
(2010-09-28) – Les Clubs de Motoneigistes appuient la FCMQ dans son opposition face au projet de loi