Expedition Xtreme de Ski-Doo : Bilan de saison

Expedition Xtreme de Ski-Doo : Bilan de saison

Quelle saison spéciale et différente j’ai vécue avec la nouvelle Expedition Xtreme de Ski-Doo propulsée par le puissant moteur Rotax 800 E-TEC. Depuis près de 25 ans, j’ai appris à faire du « 20 pouces », comme on le disait à l’époque, avec de vieux sages qui m’ont appris tous les trucs et astuces de ce type de véhicule. Jadis, on disposait d’au plus 85 ch pour mouvoir ces grosses bêtes. Cela dit, on a fait plusieurs expéditions très loin dans le nord avec ces motoneiges qui étaient impressionnantes dans la neige profonde, tout comme pour tirer de lourdes charges. Cependant, le pilote devait connaître les caractéristiques de sa monture, car il ne pouvait se fier à la puissance du moteur. C’était donc une question de pilotage et naturellement, de conception de la machine par le manufacturier. On convenait tous d’une chose, tous les « Widetrack » de l’époque manquaient de puissance. Nous avions donc à devenir de bons pilotes si on voulait éviter de forcer sur ces chevaux de trait.

Quand j’ai abordé la saison avec l’Expedition Xtreme, je cherchais instinctivement à la positionner dans un créneau : utilitaire, montagne-utilitaire, utilitaire de performance, montagne élargie ! … toutes ces réponses ? J’ai rapidement compris qu’il n’y a pas de catégorie proprement dite pour cette motoneige, car il faut se rendre à l’évidence, l’Expedition Xtreme de Ski-Doo est seule dans son monde. D’entrée de jeu, disposer d’une puissance de plus de 155 ch sur une chenille de 20 pouces/50,8 cm de largeur est unique en soi. Ajoutez un profilage de 1,75 pouce/4,44 cm sur cette même chenille et une suspension du calibre des MXZ X,  et vous obtenez un véhicule unique dans le marché et ce, à tout point de vue.

Comme je l’ai mentionné dans un de mes articles précédents, j’ai concentré la première partie de la saison sur son comportement en sentier. Équipée d’amortisseurs  KYB similaires aux séries X de chez Ski-Doo, la suspension de cette motoneige est impressionnante en sentier, tant d’un point de vue de la conduite, que de son confort dans les bosses. Il ne faut pas oublier qu’on parle d’un véhicule de plus de 10 pieds/3 m de long, qui pèse plus de 625 livres/283,5 kg à sec. En tenant compte de ces caractéristiques et toutes proportions gardées, j’ai été impressionné par la maniabilité de cette motoneige lors de mes différentes sorties en sentier. Malgré l’envergure du véhicule, on peut bénéficier d’une conduite sportive à condition de faire les ajustements requis à la suspension afin d’en avoir un comportement optimal.

Pour la deuxième portion de la saison, j’ai mis l’accent sur le hors-sentier et ainsi, poursuivre ma quête afin de trouver possiblement à quelle catégorie cette motoneige appartient. Ma première difficulté fut de confronter mes deux réflexes de pilotage en hors-sentier. Le premier réflexe, le pilotage de motoneiges de montagne qui se pilotent entre autres, avec l’équilibre, la puissance et les réflexes. Mon deuxième style de pilotage est l’utilitaire de type « Widetrak » qui demande au pilote d’aborder totalement différemment la conduite en neige profonde. Le pilote a toujours intérêt à garder le véhicule à plat le plus possible tout en abordant les montées de face, le « side-hill » étant à proscrire. Dès le début, j’avais tendance à vouloir piloter comme un modèle Summit, car j’étais influencé par la suspension, les types de skis, la chenille agressive et inévitablement, la puissance du 800R E-TEC. Effectivement, il y avait des similitudes, mais rapidement on s’aperçoit qu’on n’a pas la même agilité. Bien que j’aie été impressionné par la capacité du véhicule à cambrer dans la poudreuse, la vitesse de réaction du véhicule (gauche – droite) est ralentie par son poids, ce qui est normal.  En tenant compte de cette réalité, j’ai réussi à faire des « beignes », mais la quantité minimale de neige requise pour ce faire est plus élevée que sur des Summit. Inévitablement, pour faire ce genre de manœuvre, le poids du véhicule exige un effort physique plus soutenu.

Cela dit, on a les gros avantages des utilitaires à savoir, la performance à basse vitesse. Muni de la transmission synchronisée à 2 vitesses d’avant, on peut facilement travailler dans les sous-bois en neige profonde sans avoir à prendre de la vitesse comme sur une Summit. C’est un avantage très important pour notre type de forêt et quand on revient sur le lac, la transition en mode puissance est au rendez-vous, contrairement aux autres utilitaires. Un gros avantage par rapport aux autres utilitaires est aussi la capacité de l’Expedition Xtreme à sortir de la « slush ». Les amateurs d’arrière-pays comprendront facilement que lors d’une saison, il n’est pas rare de rencontrer ce phénomène quand on se retrouve sur des étendues d’eau gelée. Tous savent que les utilitaires n’aiment pas ces conditions, car le rapport poids-puissance de ces gros véhicules est un handicap important vs l’effet de succion de la « slush ». Dans le cas de l’Xtreme, la combinaison de la chenille avec la puissance disponible change drastiquement cette réalité.

J’ai également pris le temps de piloter l’Xtreme en mode utilitaire « pur ». Naturellement, la transmission nous permet de tirer de lourdes charges sans problème, ce qui est un avantage par rapport à une motoneige de montagne. J’entends déjà les propriétaires de Summit me dire : « Je suis capable de tirer mon traineau avec ma motoneige… ! ».  J’en conviens… Mais, si vous tirez régulièrement de lourdes charges dans différentes conditions, on peut également convenir que votre transmission et vos courroies seront particulièrement sollicitées. La maniabilité du châssis XU dans les sous-bois est également impressionnante. Le XU a maintes fois fait ses preuves dans les autres modèles d’Expedition, et celui-ci est une valeur sûre aussi pour l’Xtreme. Cependant, les skis étroits performent très bien dans la poudreuse et en sentier, mais sont beaucoup moins efficaces en marche arrière en neige profonde. Il manque également de flottaison à basse vitesse, car le véhicule peut avoir tendance à plonger. Pour ce type d’utilisation, je vous conseille des skis plus larges et retroussés à l’arrière, optionnels chez BRP. 

Après plusieurs randonnées dans toutes sortes de conditions de neige, il m’apparaît maintenant clair que je ne pourrai pas positionner ce véhicule dans aucune catégorie existante.  Il est évident que la combinaison de mon expérience avec les véhicules utilitaires et en motoneiges de montagne m’a permis de trouver ma zone de confort sur cette motoneige. C’est donc un véhicule unique en son genre qui va plaire à ceux qui aiment la performance, mais qui ont aussi besoin des qualités que seul un utilitaire peut procurer. Avec des capacités impressionnantes en sentier et plusieurs options intéressantes telles que le siège double, le treuil et les pare-chocs renforcés, l’Expedition Xtreme 2016 de Ski-Doo représente un choix très intéressant pour les amateurs de motoneige d’arrière-pays qui ne veulent faire aucun compromis. De plus, aucun changement n’est annoncé pour la prochaine saison, pas même la couleur, ce qui confirme la validité de notre essai pour les modèles 2017 également.

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