Destination
mondiale numéro un, paradis des motoneigistes, la liste des superlatifs s’allonge.
Lanaudière veut attirer les motoneigistes dans la région et ne s’en cache pas,
surtout des Américains. Avec des retombées économiques de près de 43 M$(chiffre
de 1998) rien d’étonnant à ce que la pratique du sport figure en tête de liste
des priorités de Tourisme Lanaudière(TDL).
Avec 2240 kilomètres de sentiers et le domaine bioclimatique le plus doux
au Québec entre Montréal et Berthierville, Lanaudière a tout pour séduire l’amateur
de sensations fortes. On peut supposer que depuis 7 ans, les dépenses totales
occasionnées par l’une des activités d’hiver favorites des Québécois ont fort
probablement augmenté. C’est le cas de la manne américaine se situant maintenant
autours de 10 M$ comparativement à près de 7 M$ en 1998, selon France Lanoue,
agente d’information et signalisation touristique et service aux membres à TDL.
La saison 2004-2005 s’annonce très bonne selon Jean Michaud, administrateur
de la Fédération des Clubs de Motoneiges du Québec pour Lanaudière:«En raison
de la fermeture du tronçon du Lac Carré sur la piste du Petit train du Nord,
certains clubs de la région ont noté une augmentation de 15 à 20% de la clientèle,
dont beaucoup d’Américains»,note-t-il.
Il y a eu 7600 vacanciers en 1997 issus d’autres provinces canadiennes et des
États-Unis venus faire de la motoneige au Québec. De 2008 à 2010, l’organisme
souhaite attirer 450 000 nouveaux touristes américains et, on imagine, une bonne
portion de motoneigistes parmi eux. Mais il faudra d’abord améliorer les structures
hôtellières. Selon le rapport de TDL, il y a un manque d’hôtellerie «trois étoiles
et plus» à certains endroits pour la réception des voyageurs. Un sondage a aussi
révélé que seulement 9,4 % des Québécois ont nommé Lanaudière comme région qu’ils
connaissaient.
Un poids non négligeable
Le coin de pays qu’on surnomme le «Québec Miniature» parce qu’il regroupe
les principales caractéristiques de la province, accueille environ 500 000 individus
en visite (www.lanaudiere2010.ca). «Au cours de la dernière année, nous avons
travaillé très fort pour positionner la motoneige comme attrait régional majeur,
plus particulièrement auprès des Américains» avec notamment la création d’un
site web(www.snowmobilecountry.ca), relève madame Lanoue. Soulignons que l’invention
popularisée pas Bombardier constitue le seul produit touristique amenant des
étrangers dans le coin.
Cet engouement pour les résidents au sud de la frontière s’explique aisément.
Ils dépensent davantage que les locaux ou même que les autres visiteurs en provenance
du Québec. En 1998, la dépense journalière moyenne d’un motoneigiste américain
en sol Lanaudois incluant l’hébergement, les repas et l’essence, était de 180
$ soit 50$ de plus par jour que la clientèle québécoise pour un séjour approximatif
d’une semaine. À cela s’ajoute le coût des cartes de membre donnant accès aux
sentiers.
La stratégie de TDL consiste donc, d’une part, à accaparer une portion de ce
lucratif marché et aussi à transformer 30% des voyages excursionnistes(séjour
d’une journée ou moins générant environ 50 $ par personne) en tourisme d’hébergement(100
$ et plus par jour). Car le territoire se trouve trop dépendant du Québec qui
représente près de 85% de ses visiteurs provenant majoritairement de la couronne
Nord de Montréal et du sud de Lanaudière. En effet, c’est à Rawdon, Saint-Gabriel-de-Brandon,
Saint-Donat, Saint-Zénon et Saint-Michel-des-Saints qu’on emprunte les sentiers
enneigés. Fait significatif,on ne trouve d’ailleurs aucun commerce vendant des
motoneiges autours de Repentigny ou de L’Assomption même si, selon certains
boutiquiers interrogés, il y aurait un marché pour cela.
Une stratégie gagnante
Dans tous les cas, certains efforts promotionnels semblent porter fruit. Supertrax,
une publication américaine, a qualifié Lanaudière de destination mondiale numéro
1 en 2004-2005 pour le véhicule chenillé comme en 2003. «Trop beau pour être
vrai», peut-on y lire. Avec des propos aussi élogieux, difficile pour les partenaires
économiques et politiques régionaux d’ignorer l’impact de la motoneige. Le plan
de développement de Tourisme Lanaudière jette toutefois un autre éclairage.
Plusieurs élus des 6 MRC et la population en général ne voient pas tous des
opportunités de développement durable dans le secteur touristique incluant la
motoneige. Et pourtant, National Geographic Traveller, le magazine de voyage
le plus lu sur le globe avec 15 millions de lecteurs a donné le 7e rang mondial
à Lanaudière pour son niveau de potentiel touristique. Quoi qu’il en soit, le
dossier demeure tributaire de décisions politiques liées particulièrement aux
questions de l’accès aux sentiers et à la libre circulation sur ceux-ci. La
controverse des derniers temps a tout pour nous le rappeler.
Les coûts
L’achat d’une motoneige c’est l’équivalent d’une deuxième automobile. Tous
les budgets ne s’y prêtent pas. D’après Stéphane Ducharme de Moto Ducharme à
Joliette, «les véhicules de conduite sportive sont les plus populaires ici avec
un prix de détail entre
8000 $ et 11 500$ et une vitesse de pointe de 160KM/h ». Les gens vont dans
les sentiers et optent pour la performance versus l’utilitaire ou encore la
randonnée axée sur le confort. Le Québec fabrique 30% de toutes les motoneiges
au monde soit 75 000 unités. Bombardier demeure numéro un.
La motoneige dans Lanaudière et l’ensemble du Québec
-Étendu des sentiers
dans Lanaudière: 2400 km de sentiers
-Étendu des sentiers pour le Québec: 33700 km
-Retombées économiques totales pour Lanaudière(1998): 43 M$
-Dépenses touristiques américaines: 10 M$(approx.)
-Dépense journalière moyenne d’un motoneigiste américain en sol Lanaudois
incluant l’hébergement, les repas et l’essence(1998):180 $
-Dépense journalière moyenne d’un motoneigiste québécois en sol Lanaudois
incluant l’hébergement, les repas et l‚essence(1998): 130 $
-Retombées économiques pour l‚ensemble du Québec:1,5 milliard $
-Nb de Québécois adeptes: près d’un million