indicateurs des voyages ne mentent pas. Les demandes de trajets personnalisés
au Club automobile du Québec (CAAQuébec) vers les États-Unis
et vers la Floride ont augmenté de près de 20 % depuis un an.
En novembre, la demande en chèques de voyage libellés en dollars
américains a bondi de 17 %.
"Compte
tenu de ce que nous observons, novembre a été encore plus marquant",
constate Claire Roy, directrice, affaires publiques au CAA-Québec. "Il
est indéniable que la Floride redevient intéressante !"
Huard fort
en poche, les vacanciers du Québec se laissent à nouveau tenter
par les attraits du soleil et du sable de la Floride. L’appréciation
de notre monnaie les y incite, mais elle n’explique pas tout. Le sentiment de
sécurité retrouvé, après les événements
de septembre 2001, y est pour quelque chose. "Il n’y a rien de bien sexy
à entendre parler continuellement d’alertes orange, mais la poussière
retombe un peu", note Mme Roy.
"Notre
analyse nous démontre que, après quelques années de faiblesse
du dollar canadien, il y a un retour vers les États-Unis, mais, en général,
pour des séjours plus courts", ajoute-t-elle.
Une
offensive de 14,2 M$
L’industrie touristique
québécoise en prend bonne note et lance à la défense
de son produit d’hiver une campagne promotionnelle de 14,2 M$, l’une des plus
importantes de son histoire.
C’est une
conscription générale des budgets : toutes les régions
touristiques, les villes de Québec et de Montréal et Tourisme
Québec ont mobilisé leurs ressources pour cette offensive ciblant
tout à la fois les vacanciers québécois, ontariens, américains
et européens.
"Nous
sommes dans un marché hypercompétitif. Plus nous convaincrons
de Québécois de demeurer ici pour leurs vacances d’hiver, mieux
notre économie s’en portera", lance Nathalie Normandeau, ministre
déléguée au Tourisme.
L’offre
hivernale, nombreuse et variée (ski alpin et nordique, glisse, excursions
en motoneige, randonnées et patinage, gastronomie, carnaval et même
un séjour dans un hôtel de glace), a pris du galon depuis l’an
2000, en dépit de mauvais hivers en 2002 et 2003.
Le nombre
des visiteurs a augmenté de 31 %, passant de 5,8 à 7,65 millions
de 2000 à l’hiver 2004. Leurs dépenses se sont accrues de 62,5
%, de 1,2 à 1,9 milliard de dollars (G$).
Les Québécois
pèsent lourd dans le bilan du tourisme d’hiver. En 2004, ils comptaient
pour un peu plus des trois quarts des visiteurs et effectuaient près
de 53 % des dépenses. Tourisme Québec estime que le cinquième
des Québécois prennent des vacances en hiver. La campagne promotionnelle
à leur intention, d’une valeur 3,3 M$, veut les persuader de prendre
du grand air pendant la relâche scolaire en février et mars.
"Bien
sûr, ce n’est pas d’hier que les Québécois choisissent les
destinations du Sud, mais ils sont de plus en plus nombreux à choisir
l’hiver, dit Mme Normandeau. Ils sont attachés à leur territoire
et ont appris, au fil des ans, à apprivoiser leur hiver. Il faut profiter
de cette occasion !"
Escouades
de choc dans les grandes villes
Ni l’Ontario, ni le
Nouveau-Brunswick, pas plus que la Commission canadienne du Tourisme n’ont annoncé
de suite aux campagnes promotionnelles extraordinaires lancées l’an dernier
dans le but d’atténuer les contrecoups de l’épidémie de
SRAS auprès des visiteurs étrangers.
Le Québec
sera donc seul ou presque à défendre son hiver à l’extérieur
et dépensera 6,5 M$ dans le marché américain et 2,7 M$
dans le marché ontarien.
Il y met
non seulement de l’argent, mais aussi de l’imagination. En effet, à Boston,
New York et Toronto, des escouades de choc envahiront des lieux de grand affluence
et proposeront des forfaits.
"Il
faut aussi se démarquer dans notre façon de faire de la promotion.
Personne ne pratique ce type de marketing", souligne Mme Normandeau.
En 2003,
le produit hiver a rapporté 29 % des recettes touristiques de l’année,
lesquelles étaient estimées à 9 G$.