Freiné dans ses élans par une opposition surprise qui a mené à une poursuite judiciaire, le gouvernement provincial s’est résigné à réaliser une étude d’impact environnemental complète pour son projet de centre d’entretien pour motoneiges.
Le ministère du Tourisme, du Patrimoine et de la Culture a tenu, jeudi à Saint-Quentin, une consultation publique dans le cadre de ce projet, une composante essentielle de l’étude d’impact environnemental lancé il y a quelques semaines.
On admet s’être fait forcer la main quelque peu pour mettre en branle de cette étude.
«Nous avions déjà effectué notre propre étude pour ce projet, mais il ne s’agissait pas d’une étude d’impact environnemental à proprement parler», exprime le directeur général du parc provincial Mont Carleton, Louis Comeau.
«On s’est fait amener en cour par des opposants parce que, selon eux, nous n’avions pas suivi le protocole. L’affaire est toujours devant les tribunaux, mais entre temps, le ministère a décidé d’entreprendre une étude en bonne et due forme», ajoute-t-il, notant que le projet est actuellement en attente.
Le projet consiste à effectuer la jonction de plusieurs sentiers de motoneiges tout autour du parc ainsi qu’à aménager une petite portion de 900 mètres à l’intérieur même du parc, soit une voie d’accès menant au sommet du mont Carleton. Il est question aussi d’améliorer la signalisation, remplacer deux ponts et créer un bâtiment d’entretien pour surfaceuses avec dépôt de carburant. On parle ici d’un projet d’environ 1,2 million $ qui aurait, selon ses promoteurs, le mérite de rendre le parc disponible à longueur d’année.
«C’est important pour nous de consulter le public et on veut suivre les lois sur l’environnement. Actuellement, il y a moins de 1% du parc qui est développé. À quel point on peut et on veut le développer, ça reste à voir», exprime M. Comeau.
Celui-ci aimerait voir le projet aller de l’avant, ne serait-ce que pour obtenir des infrastructures plus sécuritaires utilisables aussi l’été (ponts) et pour avoir un certain contrôle sur le parc l’hiver.
«Les motoneigistes trouvent toujours le moyen de venir dans le parc et même de se rendre au sommet du mont Carleton. Si on aménage les choses correctement, ce serait encore plus sécuritaire», note-t-il.
Les procédures judiciaires doivent reprendre en novembre. L’étude d’impact, elle, se terminera dans quelques semaines. Il sera donc trop tard pour entreprendre un quelconque changement pour la saison de motoneige qui doit s’ouvrir sous peu.
Public conquis
Plusieurs joueurs se sont présentés jeudi à la consultation publique. C’est notamment le cas de Louise Durepos qui possède un gîte non loin du parc provincial.
«J’espère que ce projet va aller de l’avant, car c’est un excellent projet. On a besoin d’aménager les pistes si on veut développer encore davantage l’industrie touristique dans le coin. Les sentiers sont beaux, mais ça pourrait être encore plus développé», dit-elle.
Propriétaire du club de motoneige Serpentine, Alyre Marquis abonde dans le même sens. «Ça fait 22 ans que je suis dans ce secteur, et ça fait autant d’années que je dis qu’on devrait avoir des pistes bien entretenues. On est la première place à avoir de la neige au Nouveau-Brunswick et la dernière à la voir disparaître. En fait, on a déjà de la neige au sol chez nous en ce moment. Le potentiel est énorme, faire de la motoneige de décembre jusqu’à la fin avril. Et, ce qu’il y a de beau, c’est qu’il s’agit de chemins de bois qui ne servent à rien l’hiver. L’impact est pratiquement nul. Ceux qui sont contre, ce sont ceux qui ne font pas de motoneige», dit-il.
Partenaire dans ce projet, la Ville de Saint-Quentin aurait bien aimé voir celui-ci progresser plus rapidement.
«C’est certain que plus vite on va de l’avant, plus vite on verra des impacts économiques. Mais je crois que toute la médiatisation du projet aura au moins eu ça de bon que maintenant il est connu de tous. On a créé une attente et là, tout le monde qui fait de la motoneige a hâte. Car ici, c’est vraiment la Cadillac de la motoneige au Nouveau-Brunswick», exprime Nicole Somers, mairesse de Saint-Quentin.
Également présent, Ross Antworth, directeur général de la Fédération de motoneige du Nouveau-Brunswick, croit pour sa part que l’étude et la consultation publique auront un effet bénéfique.
«Ça va permettre à tout le monde d’avoir les véritables faits, de voir que ce projet est bon, qu’il ne va pas heurter l’environnement ou nuire au parc», explique-t-il.