Pourquoi le tourisme hivernal que génère la motoneige ne serait-il pas vu comme une mise en valeur, un usage complémentaire à l’agriculture afin d’en tirer des retombées par les emplois qui sont créés et maintenus et donc une activité qui favorise le développement économique et le maintien des populations des régions?
Actuellement, on semble favoriser l’exploitant agricole au détriment d’autres activités économiques dont le tourisme. Le gouvernement semble dominé par le poids du syndicat qu’est l’UPA au détriment des petits exploitants d’entreprises touristiques. Il est dommage de lire certaines positions qui s’appuient sur des prétentions que parce que l’on est chez nous sur un grand territoire et que l’on paie des taxes, on est seul à décider ce qui sera bon pour la région.
Il est bon de réfléchir sur les faits suivants. À l’origine, les prospères industries agricoles d’aujourd’hui reposent sur des concessions de terres obtenues pour des montants dérisoires; un effort collectif a contribué à faire passer l’agriculture de moyen de subsistance qu’elle était à des entreprises de grande valeur.
Il est également important de se rappeler que la petite ferme de misère d’autrefois reposait sur la paroisse, la famille et la forêt. La ferme produisait les biens consommés par ses habitants. Il était pratiquement impossible de vendre les surplus faute de moyens de circulation donc de distribution. De plus, les exploitants forestiers d’alors s’étaient installés sur de grands territoires avant l’arrivée des colons et n’avaient donc pas intérêt à voir s’étendre la zone agricole.
C’est la création des réseaux de circulation comme le chemin de fer et le réseau routier qui ont permis d’acheminer les produits de la ferme vers les villes et d’y trouver preneur. Ces réseaux de communication et de circulation ont transformé la ruralité et créé de la richesse.
Pour en arriver à ces réseaux, il a fallu que des propriétaires cèdent des passages afin de permettre le développement et la circulation des personnes et des biens. Ces droits n’ont été rendus possibles qu’avec une intervention gouvernementale dont l’abolition des droits de seigneurie. À cette époque, il était impossible de traverser une seigneurie (aujourd’hui un territoire de la taille d’une MRC), sans donner à chacun des seigneurs d’alors un pourcentage des profits.
Comme l’histoire se répète, l’État d’aujourd’hui laisse peut-être les agriculteurs exploiter à leur guise leurs droits de propriété. Néanmoins, l’État distribue aussi des subventions en argent et des octrois de toutes natures pour favoriser la modernisation et la rentabilité des exploitations agricoles, en assurer la stabilité des revenus, assurer des prix planchers pour des productions, assurer des revenus en cas d’intempéries, le remboursement des taxes foncières, le remboursement des taxes sur le pétrole, pour drainer et amender les terres, zoner les usages, mettre en place des quotas, pour ne citer que quelques mesures parmi les quelques centaines de programmes d’aide.
Tous ces programmes ont pour but de soutenir ce secteur économique très important et non de créer des empires ou des no man’s lands.
L’exploitation agricole doit être une composante de la ruralité et non une dominante voire un usage exclusif au détriment des autres usages ou des autres classes de travailleurs.
Les gens de la ruralité ont eu, par le passé, à s’ajuster afin de trouver des règles à la coexistence de l’agriculture et de la forêt par des liens de complémentarité. L’économie rurale a besoin des emplois des établissements d’hébergement, de restauration, des fournisseurs de services tel les commerces de vente et réparation, des postes d’essence et autres dont une partie du chiffre d’affaires repose sur le tourisme d’hiver dont la motoneige. Cette économie contribue au maintien des familles en région, au maintien des services, des écoles, bref à diminuer l’exode.
Il faudrait donc se rappeler, avant de penser à des mesures d’exclusion, qu’avant d’être un grand propriétaire terrien et une industrie agricole, il a fallu commencer petit, il a fallu demander puis recevoir de l’aide. Il est peut-être temps de penser à passer au suivant.