Le titre semble surprenant, mais il pose une question très importante pour plusieurs motoneigistes mordus de ce sport. Doit-on abandonner la pratique de la motoneige quand des problèmes de santé ou l'âge nous ont fait perdre la force d'antan et que soulever une motoneige enlisée ne nous fait plus sourire et même nous est fortement déconseillé?
Bien sûr, les motoneiges d'aujourd'hui sont beaucoup plus fiables, beaucoup plus sobres en carburant et laissent aux motoneigistes une qualité d'air beaucoup plus respirable. Avec l'arrivée de l'injection, fini aussi les vieux carburateurs qui nous envoyaient plus de vapeurs au visage et sur les vêtements que sur les pistons.
L'arrivée sur le marché des motoneiges robustes, propulsées par des moteurs à quatre temps, fait même dire à certains fabricants que leurs motoneiges sont faites pour durer et non pour être changées à chaque année. C'est un nouveau langage qui parfois a fait croître le poids et hélas, le prix aussi.
Il est maintenant possible de partir toute la journée sur les sentiers sans avoir à se soucier de trouver un endroit pour faire le plein d'essence dans des campagnes où les stations d'essence se font de plus en plus rares et dont les heures d'ouverture varient d'un poste à l'autre. Que d'heures de plaisir sans soucis en ces années avec toute cette évolution technologique!
Le défaut le plus important des motoneiges d'aujourd'hui n'est également plus le bruit car sur ce point, le bruit des motoneiges se rapproche de plus en plus des 60 décibels, ce qui est légèrement plus élevé que le bruit d'une discussion normale entre 2 personnes.
Les prochains points d'amélioration sont maintenant le poids et la maniabilité sur une bonne couche de neige fraîche. En ces jours où les « baby-boomers » sont de plus en plus nombreux à prendre leur retraite et souvent avec de bons revenus, la pratique de la motoneige est souvent écartée de leurs choix pour différentes raisons. Quelles sont-elles, puisque l'image des veilles technos fumantes, pétaradantes et non fiables est chose du passé?
Nous en avons discuté avec plusieurs personnes et avons obtenu certaines réflexions qui devraient permettre aux 4 grands fabricants d'aller chercher cette clientèle potentielle et nombreuse.
Le poids des motoneiges est vu comme un inconvénient majeur. En effet, la robustesse et certains équipements donnant un confort accru peuvent ajouter considérablement de poids à certaines motoneiges. Certaines motoneiges une fois enlisées sont de vraies enclumes et sont alors rebaptisées des noms de tous les saints du ciel. Même toutes ces invocations ne remplaceront pas l'aide d'amis pour sortir du trou. L'expérience devient alors désagréable sur le moment, même si le sujet permettra de faire bidonner nos amis autour du souper!
Plusieurs motoneigistes de longue expérience nous font remarquer que lorsque l'on roule à des vitesses tout à fait raisonnables dans des sentiers entretenus, les suspensions lourdes et complexes leur paraissent superflues. Aussi, un arrêt dans la neige fraîche en bordure de sentier devrait se faire sans risque de s'enliser. La légèreté et la flottabilité leur apparaissent de première importance pour repartir sans difficulté et faire parfois des trajets hors sentiers, comme sur des routes forestières non surfacées.
Nous avons rencontré un trio de copains motoneigistes qui roulent ensemble depuis bientôt 50 ans. Ils en ont connu des marques, des modèles et des technologies, des bris et des avaries, des modifications et du bricolage. Ils roulent encore et chacun ne jure que par sa marque qui rassemble plusieurs qualités qu'ils recherchent sans toutefois être parfaite.
Quoique ces 3 copains ont chacun leur fabricant chouchou, tous s'entendent que le prochain défi des 4 grands fabricants sera de mettre sur le marché une motoneige hybride allégée en poids qui permet la promenade sur les sentiers dans les limites des vitesses raisonnables. Nos trois sages octogénaires ont abandonné depuis longtemps la course, les défis et les paris. Ils aiment découvrir les paysages autrement inaccessibles, voir les animaux, rencontrer les copains dans les relais et faire des projets.
Pour eux, la motoneige idéale serait allégée, sobre en termes de consommation d'essence et permettrait une autonomie de 400 kilomètres. En termes de confort, un pare-brise de grande dimension protégeant également les mains serait une option importante. Aussi, une chenille d'une largeur de 16 pouces améliorerait considérablement la flottabilité sans alourdir excessivement la motoneige. Pour eux, cette option serait préférable à une suspension élaborée et lourde. L'instrumentation devrait permettre de voir rapidement et simplement l'état de la motoneige sans avoir à manipuler des boutons. Donc, une instrumentation simple et ergonomique.
Malgré la révolution des moteurs à quatre temps qui limitent l'allègement, les fabricants travaillent également à développer des moteurs à deux temps beaucoup plus légers, beaucoup plus fiables et durables. Ces nouveaux moteurs, jumelés à des plate-formes également allégées, des conceptions fuselées, des chenilles avec du mordant et d'une flottabilité accrue dans la neige fraîche, laissent présager la machine idéale. Son poids total sous les 200 kilos deviendra un attrait additionnel. Tout un contrat!
Ainsi, les « retraités-snowbirds » pourront revenir en grand nombre redécouvrir une très belle façon d'explorer un Québec blanc par son réseau de sentiers et de pouvoir sans risque emprunter les chemins forestiers enneigés pour se rendre au chalet.
Fini le temps des enclumes, vive les poids plumes.