Alors que les motoneigistes applaudissent la récente loi du gouvernement Charest qui suspend toute possibilité de poursuite judiciaire à leur endroit, les résidants, eux, dénoncent la perte de leurs droits.
«Quand j’ai appris ça, j’ai senti de la violence monter en moi», raconte sans détour Carmen Gignac, une résidante de Saint-Zénon chez qui les VTT, motoneiges et motocross passent à 25 pieds de la porte de sa maison.
«Si l’on ne peut pas aller devant les tribunaux, on va régler ça de personne à personne sur le terrain. Il y a des gens qui vont sortir leur fusil», ajoute-t-elle le plus sérieusement du monde.
Lundi, le gouvernement Charest a adopté sous bâillon le controversé projet de loi 9, qui suspend pour cinq ans la possibilité de tout recours judiciaire à l’encontre des motoneigistes et des amateurs de VTT.
Le bruit
La ministre des Transports Julie Boulet, qui veut éviter «l’anarchie», a alors expliqué que «depuis 1995, on permet aux motoneiges de circuler à moins de 30 mètres des résidences».
Selon elle, c’est l’immunité des amateurs de véhicules hors route «qui donne le temps de trouver des solutions». «Est-ce que l’on va arriver à un compromis en suspendant les droits de citoyens? C’est dans le changement des pratiques de la motoneige que se trouve la solution», dit de son côté Bernard Généreux, président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM).
Selon la Fédération des motoneigistes du Québec, les conducteurs n’en profiteront pas pour faire plus de bruit avec leur véhicule maintenant qu’ils sont immunisés contre les poursuites.
«On est très favorables à tous les articles de loi de la ministre Boulet. Pour circuler, il faut toujours avoir l’autorisation du propriétaire où passe le sentier de motoneige», dit Raymond Lefebvre, directeur général de la Fédération des motoneigistes du Québec.
Ce dernier aurait toutefois souhaité que la loi s’applique à la totalité des 32 000 km de sentiers interrégionaux que compte le Québec. Pour l’instant, seul le tiers est «protégé». En novembre 2004, la Cour supérieure a interdit l’accès aux motoneigistes à 38 km du parc du P’tit train du nord, donnant raison à 600 familles qui se plaignaient du bruit.
C’est par la suite que le gouvernement a imposé un moratoire sur les poursuites pour bruit afin de satisfaire l’industrie touristique et les motoneigistes. Jusqu’à ce que la loi 9 soit adoptée.
Au Québec, les véhicules hors route représentent 14 400 emplois et entraînent des retombées économiques de 2 milliards.
Réf.: https://www2.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2006/06/20060618-101823.html