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Éditorial : Monts Valins, 30 ans plus tard

Découvrir les Monts-Valin

À mes débuts comme propriétaire de motoneige il y a 32 ans, je me suis rapidement intéressé à l’industrie au sens large et tout naturellement, aux clubs de motoneige. Je trouvais fascinant qu’un véhicule récréatif ait son propre réseau et je voulais mieux comprendre le fonctionnement de celui-ci. Comme tout bon « amateur qui connaît ça 🙂 « , je voyais pleins de choses qui devaient être améliorées. Au début des années 90, je suis donc devenu bénévole pour le club de motoneigiste du Saguenay. Je suis passé de bénévole de secteur jusqu’à relationniste pour le club qui comptait, à l’époque, plus de 3000 membres.

Pète pis Répète

Après avoir mis mon focus à comprendre le fonctionnement de mon propre secteur et ultimement de mon club, je me suis rapidement intéressé au « cas » des monts Valins. Je constatais, lors de mes randonnées de début de saison tout comme lors des événements de fin de saison, que les conditions étaient ordinaires. Avec des bosses de 2 pieds et les suspensions de l’époque, inutile de vous dire que nous y allions par passion. Mais l’idée de commencer à rouler à la fin novembre et d’étirer le plaisir jusqu’à la fin avril était plus forte que tout.

Comme relationniste du club situé à la limite sud du club Caribou, j’ai eu plusieurs discussions avec mon homologue de l’époque. La situation que nous vivions aux deux extrémités des saisons sur ce que nous appelions communément « les Monts » était préoccupante. Celui-ci m’expliquait de long en large les problématiques de ces deux périodes qui se résumaient en manque de financement chronique pour rejoindre les deux bouts. Avec la très longue saison, les grandes quantités de neige et l’affluence de gens de l’extérieur, le compte semblait finir à zéro bien avant la fin de saison, ce qui forçait les bénévoles à limiter les dépenses en début de saison. Avec ma naïveté et surtout, mon enthousiasme de gars dans la vingtaine, je me suis dit pourquoi ne pas les aider ! Après tout, nos surfaceuses ne fonctionnent pas lors de ces périodes et à l’époque, nous avions de bons revenus du côté sud du Saguenay. Ultimement, nous profitions tous de ces deux périodes pour pratiquer notre passion sur les monts Valin donc, nous serions tous gagnants.

Dès lors, on m’a expliqué rapidement pleins de bonnes raisons pour garder le statu quo. Les surfaceuses sur les monts sont trop grosses et consomment trop de carburant. On ne prend pas les bonnes décisions par rapport au surfaçage et à la gestion. Manque de bénévoles, trop de neige (et bien !?!), terrain montagneux, coûts d’opération des surfaceuses, on se plaint le ventre plein, etc. Somme toute, on les a toutes entendues, d’un côté comme de l’autre, ces raisons qui rendaient les autres clubs fermés à l’idée de s’aider. Du côté de la fédération, on entendait le même type de commentaires, en plus des discours sur les ratios par kilomètre, par semaine de grattage, par machine, etc. En résumé, je suis désolé d’apprendre à certains d’entre vous que l’histoire se répète, comme la bonne vieille blague du même nom, et ce, depuis plus de 30 ans. Comme on dit, il ne faut pas vivre dans le passé, mais apprendre de nos erreurs pour peut-être, nous permettre d’évoluer.

L'Auberge du km 31 vous invite sur les Monts Valin ce weekend

Les faits

Trêve d’analyse de l’histoire que nous ne pouvons plus changer. Revenons donc à la situation factuelle d’aujourd’hui sur le terrain. Je parcours les monts Valins depuis plus de 30 ans et je suis habitant à temps partiel de ce magnifique terrain de jeu depuis près de 12 ans maintenant. Ces dernières années m’ont permis d’observer clairement le développement du potentiel touristique de la motoneige dans ces montagnes, mais aussi, des problématiques sur le terrain.

Avec la montée fulgurante de la popularité des motoneiges de montagne, c’est une invasion de motoneigistes qui arrivent de plusieurs coins du Québec pour pratiquer leur sport favori. Concrètement, cela se voit sur les camions et remorques qui empruntent la route du parc des Laurentides au début de l’hiver, dans les stationnements aménagés sur les monts et naturellement, sur les sentiers. Même dans les montagnes avoisinant nos chalets, c’était anecdotique de voir des motoneiges voilà quelques années. Mais aujourd’hui, on entend régulièrement le bruit des motoneiges dans le secteur. On a qu’à parler aux acteurs qui offrent les services sur les monts Valin et qui reçoivent de plus en plus de touristes d’année en année pour comprendre ce qui se passe. Tout cela s’ajoute aux motoneigistes de sentier et aux locaux comme moi, qui eux aussi, veulent profiter de l’or blanc en début de saison.

Étant moi aussi un amateur de hors sentier, il était plutôt facile il y a 10 ans de trouver des secteurs vierges pour pratiquer notre sport. Aujourd’hui, il faut s’éloigner beaucoup plus des points de stationnements pour réussir à trouver un peu de poudreuse et encore là, il y a souvent une trace devant nous. Bien évidemment, les motoneiges de montagne avec des chenilles profilées de 2-3 pouces empruntent les sentiers pour se rendre sur leurs terrains de jeux, ce qui met une pression supplémentaire sur le sentier. Soyons honnêtes, ce type de véhicule a une empreinte significativement plus forte sur les sentiers.

Les Monts Valin seront entretenus pour les deux prochains weekends!

Les commentateurs

Loin de moi l’idée d’avoir une attitude négative face au développement de ce potentiel touristique et de dire : dehors les touristes. Mais quand on est sur place, on constate l’ampleur de la situation et par conséquent, on ne peut qu’être d’accord sur le fait qu’il y a un problème. Nous sommes tous des commentateurs dans ce dossier, moi le premier. Mais parmi tous les commentaires que j’entends, ceux qui m’irritent particulièrement sont ceux qui énoncent des conclusions « un peu faciles » sur la situation tout en n’ayant jamais vécu cette période du début de saison sur le terrain et en oubliant plusieurs dimensions.

Je n’essaie pas ici de prendre position pour le club, pour la fédération ou pour toute autre partie. Je prends la position du motoneigiste que je suis. La situation des sentiers qui se détériore rapidement en début de saison et l’absence de surfaçage en fin de saison est factuelle et semble chronique. Nier ce fait est uniquement possible à distance, car quand on y est, on le constate rapidement. Nul besoin de statistiques, de ratios ou de règlements pour constater sur place que le nombre d’adeptes est encore à la hausse cette année, ce qui est tant mieux pour les commerçants et le développement de notre sport.

Plusieurs générations d’administrateurs, tant dans le club qu’à la fédération, ont passé depuis plus de 30 ans, mais les résultats semblent les mêmes. Du point de vue d’un commentateur qui observe la situation sur le terrain, s’il y avait eu une solution miracle, on le saurait. Après tout, il y avait assurément une multitude de bonnes personnes dans ces organisations durant toutes ces années, dont certaines que j’ai connues et que je considère pleinement engagées envers la cause de la motoneige.

La saison est pleinement débutée sur les Monts Valin.

Si ça existait, on l’aurait !

Un fait est frappant dans la situation des monts Valin. Dès que la neige apparaît significativement en janvier dans les autres régions du Québec, les sentiers des  monts deviennent rapidement impeccables. On roule le parfait bonheur jusqu’au début avril où là, on nous prive des dernières belles semaines, et ce, non pas par manque de neige. Ce scénario chronique semble ne pas avoir trouvé de solution depuis plus de 30 ans. Après tout, si ça existait, on l’aurait.

Bien que ce ne soit pas le seul endroit au Québec où il y a de la neige tôt en saison, c’est géographiquement un des endroits les plus proches pour plusieurs milliers de motoneigistes des grands centre en début de saison. Un site qui offre régulièrement en décembre plus de 3 pieds de neige, un réseau de sentiers, plusieurs services d’hébergement, de la restauration et de la location. Et tout cela, à moins de 3h de Québec et à 1h d’une ville d’importance comme Saguenay. C’est tout cela qui fait des monts Valin une situation exceptionnelle et qui résulte inévitablement en un achalandage monstre à tous les débuts de saison.

Mais le commentateur que je suis observe que les mêmes paradigmes semblent habiter les parties prenantes, car les discours se ressemblent étrangement depuis mes débuts. On devra assurément sortir des vieux débats stériles et des idées préconçues si on veut réellement changer les choses de façon permanente. À quand un groupe de travail combinant le club, les acteurs de la région et la fédération, et qui aura comme objectif simple de régler le problème de début de saison avec des solutions nouvelles ? Je ne dis pas ici qu’il n’y a jamais eu de tentatives de bonne foi dans le passé, mais force est d’admettre que celles-ci n’ont pas réglé la situation.

Soyons clairs. On parle de 4 à 6 semaines en début de saison qui semblent déséquilibrer tout le reste de la saison du club. L’objectif est simple : avoir une solution pour entretenir adéquatement cette période ce qui devrait, par le fait même, donner les moyens nécessaires pour la fin de saison. Mais pour cela, il faudra penser en dehors de la boite, lâcher nos vieux paradigmes et nos méfiances. Y a-t-il de nouveaux acteurs, public ou privés, qui pourraient changer la donne ? Toutes les parties prenantes devront travailler à livre ouvert dans le seul but d’améliorer la situation.  Bref, travailler uniquement pour le bien de ce qu’on oublie quelques fois, le motoneigiste. À situation exceptionnelle, solution exceptionnelle ! Naturellement, pour travailler sur une solution nouvelle et pérenne, il faut reconnaître le problème… ce qui ne semble pas toujours le cas à ce que j’observe.

Motoneige Monts-Valin

 

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