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Parc national du Mont-Orford – Sur la piste du compromis

Parc national du Mont-Orford - Sur la piste du compromis

Au début, la volonté gouvernementale était de sortir les motoneiges du futur parc. Finalement, on rapetissera le parc de 800 hectares pour maintenir ce droit de passage.

Ainsi, le parc national du Mont-Orford ne doublera pas de superficie même quand Québec aura complété le processus d'acquisition des terrains annoncé il y a neuf ans par le gouvernement de Jean Charest.

Une portion appréciable des 5000 hectares achetés par les Québécois se retrouvera avec le statut d'aire protégée plutôt que sous le cadenas de la loi provinciale sur les parcs tel que promis au moment où l'agrandissement du parc devait compenser la privatisation des terres de la station touristique, qui n'ont finalement pas été vendues.

«Cette aire protégée de 8,6 km² est un compromis que nous jugions acceptable pour rencontrer nos objectifs de protection sans avoir à débourser de sommes considérables pour trouver un nouveau tracé de motoneige», confirme le responsable des parcs nationaux au ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs, Serge Alain.

Le statut d'aire protégée est défini dans la Loi sur la conservation du patrimoine naturel. Les critères de tolérance à l'activité humaine y sont plus élevés que dans un parc.

La décision gouvernementale de bloquer le sentier 521, faisant partie du circuit J-Armand Bombardier menant à Valcourt, avait d'ailleurs causé des frictions avec les motoneigistes en 2010. Même si les terres acquises de la société Greif n'avaient pas encore été officiellement intégrées au parc, Québec avait ainsi annoncé ses couleurs.

«C'était ça où le gouvernement payait pour nous déplacer. Quand les représentants gouvernementaux ont vu que cela pouvait impliquer des déboursés de 375 000 $ et plus, ils se sont ravisés», relate le président du Club de motoneige Harfang de l'Estrie, Daniel Beaudette, qui a participé aux négociations.

La piste de motoneige deviendra donc une ligne de démarcation à l'intérieur du futur parc. À l'est de celle-ci, les terres publiques – dont une bonne partie du bloc que le gouvernement provincial obtiendra en expropriant la famille Bombardier – constitueront une aire protégée.

«Je ne vois aucun problème à cette formule d'accommodement qui représentait sans doute un risque politique moins grand pour le gouvernement que d'autoriser le passage d'une piste de motoneige au milieu d'un parc. Le statut d'aire protégée est de plus en plus utilisé pour garantir la pérennité des espaces verts, non seulement ici mais un peu partout sur le continent. De plus, les intentions gouvernementales tiennent toujours dans des décrets bien scellés. Personnellement, ça me va», réagit l'ex-député Robert Benoit qui fut un ardent militant au sein de la Coalition SOS Parc Orford s'étant opposée à la vente de terres publiques.

«Il y a plusieurs classifications aux aires protégées et diverses limitations d'usages. Faudra voir comment le gouvernement encadrera tout cela. Si l'on en vient protéger à perpétuité ces 800 hectares de manière sérieuse tout en évitant une situation conflictuelle avec les motoneigistes, le compromis m'apparaît acceptable» juge également la directrice générale de l'organisme de conservation Corridor Appalachien, Mélanie Lelièvre.

Une indemnité provisionnelle de 1,2 M$ a été versée pour les 775 hectares la compagnie Station Mont des Trois Lacs-Orford et Québec s'apprête à faire de même pour les 600 hectares de Placements Bombardier. Ils sont les deux derniers grands propriétaires dont les terres sont ciblées.

«Cette étape franchie, nous pourrons prendre possession des terrains dans l'attente de la décision du Tribunal administratif du Québec pour établir la quittance totale», précise Serge Alain.

«Nous avons reçu ce premier versement mais un litige majeur persiste puisque le gouvernement n'a négocié aucun de passage sur le chemin des Bûcherons qui est une voie reconnue par la municipalité, mais privée. Nous n'en permettrons pas l'usage pour accéder au parc s'il n'y a pas de compensation», prévient l'avocat Gilles Fontaine, copropriétaire de la Station Mont des Trois Lacs-Orford.

Ces terres sont bordées par la route 220 mais longent aussi en bonne partie le chemin des Bûcherons.

Ça fera dix ans, le 6 mars 2016, que le projet est en marche. Peut-être que ce sera alors jour d'inauguration de la nouvelle section du parc… ainsi que l'aire protégée qui sera voisine.

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